samedi 4 juillet 2009

La pierre philosophale

Extraits du livre "La voie de la transformation d'après C.G. Jung et l'Alchimie", d'Etienne Perrot

"L'oeuvre n'est pas un objet, mais un sujet. C'est un mouvement que l'on ne peut comprendre qu'en marchant, c'est un bain dans lequel il faut se plonger. Il faut avoir mis la main à la pâte pour acquérir le droit de parler. L'alchimie n'est pas une doctrine. Il n'y a pas de doctrine alchimique, mais une réalisation intime, subjective. Lorsqu'elle aura été menée à bien, les concepts ou les images seront données pour la traduire, s'il plaît à la Pierre, mais cette expression sera toute personnelle. Le concert des authentiques philosophes hermétiques est une symphonie dans laquelle il n'entre pas deux instruments identiques. Et chaque instrument doit d'abord être confectionné par la Pierre, il est la Pierre elle-même sous une forme individuée, unique."

"La pierre est la "chose simple" (res simplex), mais elle résume en elle la complexité de l'univers, elle est un monde en petit, un microscome. Le chemin qui y mène est, à son image, simple dans son dessin général et complexe dans son déroulement, puisqu'il serpente constamment d'un opposé à l'autre. Il faut viser à l'unité, mais sans rien sacrifier des contraires qui doivent être réintégrés en elle. L'esprit ne doit pas s'évader du corps, l'ascension au septième ciel n'est pas la réalisation de l'homme. Le corps doit au contraire capter l'esprit et le retenir fermement par des noeuds très forts... En termes jungiens, le moi conscient ne doit pas demeurer fasciné par les archétypes de l'inconscient, mais il doit les intégrer. C'est en cela qu'un travail matériel, quelle qu'en soit la forme, est un support des plus précieux de la réalisation intérieure."

"C'est la nature qui se charge elle-même, si nous lui demeurons attentive, des différentes corrections nécessaires. Pour parler comme Jung: la vie psychique est auto-régulation. L'athanor en fonctionnement ressemble aux machines à laver automatiques. Tout s'y passe sans intervention de l'opérateur... Il suffit de la mettre en marche."

"Nous ne devons pas tendre à connaître d'une façon distincte indépendamment de l'inconscient, mais demeurer aux écoutes de l'inconscient et traduire docilement ce qu'il nous enseigne, accomplir ce qu'il nous demande - y compris des aventures intellectuelles, étant entendu que celles-ci seront menées à partir du fond réalisé. L'homme qui est sur cette voie est un centre. Il renferme en lui la totalité, ou plutôt, il épouse la totalité et, comme celle-ci est par définition infinie, elle révèle à travers lui tel ou tel de ses aspects. C'est ce qui donne à chaque être réalisé sa place et sa nature spécifique. L'individuation n'est pas une uniformisation, une perte dans l'indifférencié, mais au contraire la capacité donnée à chacun de traduire l'aspect du Tout qu'il est dans sa vocation de révéler, une idée divine qu'il est seul à pouvoir réaliser. C'est là le nom nouveau dont parle l'Apocalypse: "Au vainqueur je donnerai un caillou blanc sur lequel est écrit un nom nouveau que personne ne connaît si ce n'est celui qui le reçoit."

"Les phénomènes de la voie sont variés à l'infini et c'est un sujet d'émerveillement constant pour le psychologue que de constater les prodigieuses richesses d'invention de la vie et la manière dont l'énergie créatrice fait éclater tous les schémas, ruine tous les programmes et se plaît à emprunter le moyen auquel précisément on ne s'attendait pas. Il comprend pourquoi les vieux Chinois, modèles de souplesse pratique, plaçaient la conduite de l'homme fidèle aux suggestions de la vie sous le signe de l'inattendu, qui est en même temps celui de l'innocence, c'est-à-dire de la spontanéité."

2 commentaires:

  1. Toujours un plaisir de relire ces textes et aussi de te lire. Amitiés.

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  2. Ouf ! Je n'ai pas compris grand-chose mais j'ai trouvé ce texte plaisant à lire. Je devrai y revenir !
    ■ paumier

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