dimanche 28 juin 2009

L'âme de fond

Sous la surface de la mer,
des milliers d'êtres dorment ou s'agitent,
au plus profond des eaux.


Sous la surface de l'Esprit,
des myriades de mystères sont enfouis,
mais agissent dans la nuit.

Des milliards de gouttes forment la mer.
Des milliards de vies forment l'Esprit.

Que serait la mer sans ces milliards de gouttelettes
qui la forment, la transforment et gardent ses trésors?

Que serait l'Esprit sans ces milliards de vies
qui peu à peu prennent conscience
et dévoilent ses merveilles?

Les éléments en mouvement agitent de grand rêves:
rêves de transparence, rêves d'émergence,
rêves d'unité.

Un flot d'énergie se rassemble en secret:
mouvance irrésistible des âmes,
qui les pousse l'une contre l'autre
dans une large étreinte.

De grandes vagues surgissent, roulent,
se serrent, s'apprivoisent, se chevauchent,
s'affrontent, s'unissent.

L'irrésistible lame de fond brasse les esprits,
les bouleverse, les transforme, les rajeunit,
amenant hors de l'inconscient des trésors.

Il suffit que chacun participe
à ce grand mouvement d'Esprit
pour que surgisse de l'infini, petit à petit,
le plus étonnant des tsunamis!
Oh oui!

Michelle
28 juin 2009

jeudi 25 juin 2009

Yi-King - Le puits

Extrait du Yi-King, hexagramme 48, le puits (dans Les Commentaires)

Le puits montre le champ du caractère. Le puits demeure à sa place et pourtant il exerce une influence sur d'autres choses. Le puits opère la discrimination de ce qui est juste.

Le puits demeure à sa place. Il possède un fondement solide, inépuisable; le caractère doit de même être solidement fondé et fermement uni aux eaux souterraines de la vie. Le puits ne change pas, mais, par l'eau que l'on y puise, il exerce des effets d'une vaste portée. Le puits enseigne l'image des largesses qu'il dispense paisiblement à tous ceux qui s'approchent de lui; ainsi le caractère doit être paisible et lumineux, afin que les conceptions de ce qui est juste puissent être élucidées. L'hexagramme "Le puits" se rapporte à l'eau indispensable pour l'alimentation, pour la vie.

mardi 23 juin 2009

Il était une fois un cercueil

Il était une fois un cercueil tout nerveux et morose.
Pourtant on l'avait fabriqué du bois le plus tendre qu'on ait pu trouver.
Destiné à une enfant trop blème, une enfant trop frêle,
leurs jours étaient comptés.
Sortant de sa torpeur, un jour, la petite eut une drôle d'idée.
Elle voulut ouvrir cette boîte mystérieuse qu'on avait cachée au grenier.
Sans crainte, elle souleva le couvercle qui grinça curieusement.
Elle ouvrit le coffre, complètement.
Au fond elle installa une douce couverture et un oreiller plat,
s'installa très confortablement, referma le couvercle.
Pour se sécuriser, sitôt enfermée, elle appela en esprit le grand ciel
que sa mère lui avait raconté.
Pour quelques heures, elle ne vit que la nuit l'entourer.
Puis sous un chant cadencé au rythme bizarre,
des couleurs vivantes, des formes vagues se mirent à danser,
courant puis s'arrêtant, de plus en plus animées,
entrecoupées de rêves vivants, issus d'une source
elle-même née d'un réservoir plus grand.
La diversité des chemins qui s'y croisent, des images qu'on y rencontre,
par des tunnels souterrains, par des fibres communes,
forment le coeur de l'humanité,
celui qui ressent, qui vit depuis plusieurs siècles.
Au bout du rêve, après dix ans, traversant le mur des mirages,
un visage plongea son regard dans le sien directement,
foullant dans sa mémoire d'un élan ferme et doux,
courbant d'un geste puissant les remords qui se dressent,
prenant entre ses mains cette enfant, l'arrachant du néant,
animant la vie qui s'était presque éteinte.
Et la boîte s'entrouvrit, un petit nez en sortit, plus tendre que le vent,
un petit nez seulement, puis des yeux très grands.
L'enfant toute étourdie, l'esprit doucement chaviré,
mais à présent dépouillé des macabres pensées,
c'est certain, maintenant, elle grandira vraiment,
en-dehors et en-dedans.
La boîte, un moment oubliée, prend une importance désormais inversée.
Jamais la petite n'y est retournée se cacher,
mais son couvercle s'est souvent soulevé.
On la peintura de couleurs gaies,
verte et blanche avec des clous dorés.
Chacun(e) à sa guise pouvait y puiser.
Elle contenait tout ce que chacun avait intérêt à y trouver.
Une boîte d'images, d'idées et d'émotions,
une boîte délivrée du sort jadis lancé de contenir la mort.
La vie s'est emparée du coffret, on a vibré sur tous les tons,
en cherchant dans les quatre coins, tout au fond,
une infinie sagesse!
Michelle
Juillet 1984
Mort, je te salue,
Toi qui as surveillé le temps tant de temps,
Tu devrais t'accorder un repos,
MORT, tu erres...
Ah, mort! Sors du cercueil,
Resplendissant de bon sens.
Sers, cueille,
Sers la vie et cueille l'âme OR,
L'AMOR!
Michelle

La mort en tant que symbole: "Elle est révélation et introduction. Toutes les initiations traversent une phase de mort, avant d'ouvrir l'accès à une vie nouvelle. En ce sens, elle a une valeur psychologique; elle délivre des forces négatives et régressives, elle dématérialise et libère les forces ascensionnelles de l'esprit. Si elle est par elle-même fille de nuit et soeur du sommeil, elle possède comme sa mère et son frère le pouvoir de régénérer. Si l'être qu'elle frappe ne vit qu'au niveau matériel ou bestial, il sombre dans les Enfers; s'il vit au contraire au niveau spirituel, elle lui dévoile des champs de lumière. Les mystiques, d'accord avec les médecins et les psychologues, ont noté qu'en tout être humain, à tous ses niveaux d'existence, coexistent la mort et la vie, c'est-à-dire une tension entre des forces contraires. La mort à un niveau est peut-être la condition d'une vie supérieure à un autre niveau."
"... en alchimie, le sujet qui donnera la matière de la pierre philosophale, enfermé dans un récipient clos et privé de tout contact extérieur, doit mourir et se putréfier. Ainsi la 13e lame du Tarot symbolise-t-elle la mort dans son sens initiatique de renouvellement et de renaissance."
Dictionnaire des symboles

Imperfection

"L'inconscient est toujours le cheveu sur la soupe, le défaut craintivement caché de la perfection, le démenti pénible de toutes les prétentions idéalistes, le reliquat terrestre qui adhère à notre nature humaine et trouble douloureusement la clarté de cristal à laquelle nous aspirons. Selon la conception alchimique, la rouille, comme le vert-de-gris, est la maladie du métal. Mais cette lèpre est en même temps la "vera prima materia", la base de la préparation de l'or philosophique. Le Rosarium dit à ce propos:

Notre or n'est pas l'or du vulgaire. Mais tu as questionné sur le vert (viriditas, probablement le vert-de-gris), pensant que le bronze était un corps lépreux, du fait de la verdeur qu'il a sur lui. C'est pourquoi je te déclare que s'il y a quelque chose de parfait dans le bronze, c'est ce vert et seulement lui, parce que ce vert est changé sur-le-champ par notre magistère en notre or le plus vrai.
La remarque paradoxale de Thalès, selon laquelle c'est la rouille seule qui donne sa vraie valeur à la pièce, est une espèce de paraphrase alchimique qui ne veut dire qu'une chose, en définitive, à savoir qu'il n'y a pas de lumière sans ombre et pas de totalité psychique sans imperfection. Pour son accomplissement, la vie n'a pas besoin de perfection mais de plénitude. Celle-ci inclut l'"écharde dans la chair", l'expérience douloureuse de l'imperfection sans laquelle il n'y a ni progression, ni ascension."
Carl Gustav Jung, "Psychologie et Alchimie"

dimanche 21 juin 2009

Les éléphants

Parmi tous les symboles qui m'habitent, il y en a un qui revient constamment, c'est l'éléphant. Quand j'étais enfant, j'avais parmi mes jouets un petit éléphant jaune que j'affectionnais particulièrement. Je l'ai encore!
Un de mes premiers dessins montre la tête d'une fillette coiffée d'un bonnet orné d'une trompe d'éléphant.

Au début des années 80, j'ai vécu une synchronicité toute une journée: J'ai d'abord rêvé à un éléphant tout rabougri et triste, dans mon salon obscur aux rideaux fermés. Au cours de la journée, au C.L.S.C. où je travaille, je vois deux enfants, séparément, ouvrir un cahier à colorier et se mettre à colorier un éléphant. Je vois aussi un poster avec un éléphant. Enfin, le soir venu, je raconte à mon chum, Michel, mon histoire d'éléphants. Nous regardons un film, dans la soirée. Un camion transporte quelque chose vers la frontière. Le conducteur et celui qui l'accompagne, après des kilomètres sans savoir ce qu'ils transportent, ouvrent les portes... c'est un éléphant femelle qui vient de donner naissance à un éléphanteau. Et pendant ce film, deux annonces publicitaires, dans l'une un éléphant, dans l'autre, sa trompe. Je vois encore quelques éléphants les jours suivants. Puis un matin, une image dans ma tête, un éléphant, venant des Etats-Unis, doit passer la frontière, pour entrer au Québec. Mais l'entreprise paraît très compliquée. Ça m'intrigue de plus en plus, cette histoire d'éléphants.

Alors, je pense à tout ça: les Etats-Unis, un pays dont j'ai juste frôlé la frontière et les côtes, c'est l'inconscient? Le Québec, mon pays, c'est ma conscience. Une masse énorme doit traverser la frontière, énorme et pesante, presque impossible à bouger. Une énergie intérieure serait-elle en passe de devenir active? Dans mes dessins, souvent revenaient des personnages sans bouche, sont-ils donc incapables de communiquer? Ce que j'étais presque incapable de partager pour le moment, c'était ma créativité: mes dessins, mes textes, mon travail dans mon coin, sans autres yeux et oreilles que ceux de mes amis, pas toujours très présents. Depuis quelque temps, je commençais à m'intégrer à un groupe d'entr'aide, ressource alternative en psychiatrie. Peu à peu, je me fais une place à moi, mais j'ai très souvent peur du jugement des autres, de mon incapacité, de mes coups de tête, suivis de chutes dans l'ennui! Enfin s'est présentée, sans que je l'aie préméditée, une occasion de participer plus activement à la vie du groupe: l'animation d'un atelier d'écriture. Ce fut un tremplin merveilleux, les idées de thèmes se sont mises à affluer, mon enthousiasme débordait, wow, quelle belle montée d'énergie. Cette expérience, en plus de me permettre de partager ma créativité et attiser celle des autres, m'a apporté bien plus; elle m'a permis de mieux connaître mes possibilités et mes limites, de me sentir utile et appréciée.

Et puis, au fil des années, j'ai continué à rencontrer régulièrement, en rêves, en images psychiques, en synchronicités, des éléphants ou des parties d'éléphants. Tous ces éléphants sont bien différents les uns des autres, chacun reflétant un aspect différent de moi, l'éléphant du moment présent!

Dans son livre "Le test de l'arche de Noé" (que je vous recommande chaudement), Georges Romey nous parle ainsi de l'éléphant:
"Dans l'éléphant, nous reconnaissons à la fois notre force et notre prison." "Ceux qui font surgir l'éléphant dans leur test * sont sans doute ceux qui, dotés d'élans plus intensifs que d'autres, peut-être d'une sensibilité plus aiguë, ressentent plus cruellement aussi les limitations de leurs possibilités d'expression." "Lorsqu'il veut évoquer le cas d'une personne hypersensible, le langage usuel dira qu'elle a "les nerfs à fleur de peau". Aussi l'éléphant va-t-il présenter à celui qui souffre d'une sensibilité trop vive, l'image de l'état d'apaisement dont il rêve... Quelle promesse pour celui ou celle qui vibre à la moindre excitation du monde extérieur que cette épaisse cuirasse à l'abri de laquelle doit se tenir la paix... A l'inverse il pourra signer l'état d'une mentalité lente, peu excitable et se servant du pachyderme pour expliciter sa pesanteur. Il va sans dire que le choix entre ces deux hypothèses est facile lorsqu'on a un contact - même bref - avec la personne en cause." "L'éléphant va traduire la situation d'une psychologie gênée par un complexe mais peut-être plus encore la conscience de cette gêne. Il désigne d'abord une mentalité qui souffre de ne pouvoir déployer toute l'adresse, toute l'agilité qui pourrait être la sienne." "Capable de beaucoup de délicatesse mais contenant tous les risques de catastrophes, l'éléphant symbolise bien l'état d'une mentalité complexée: dotée d'une grande richesse d'élans, toujours sur le qui-vive pour ne pas dépasser l'impact désiré, inquiète d'occuper une place trop grande dans l'attention de l'entourage... facilement blessée."

Dans le Dictionnaire des symboles, de Laffont, on trouve ceci à propos de Ganesha, le dieu hindou à tête d'éléphant: "Fils de Civa, Ganesha (ou Ganesh) exprime le principe de la manifestation avec tous ses aventures dans le monde mouvant et illogique des apparences ou des réalités éphémères. Il évoque toutes les possibilités de la vie et toutes ses expressions jusqu'aux plus burlesques, dans le temps et dans l'espace."

Sur un site internet intitulé "Ganesh, dieu de l'Inde, symbole et présence", j'ai trouvé ceci: "Les qualités attribuées à Ganesh telles que la capacité à écarter les obstacles, sont celles de l'éléphant. C'est en effet le seul animal de la création capable de balayer de sa masse énorme les obstacles qui entravent sa marche et, brisant à l'aide de sa trompe branches et racines ou déracinant les arbres, se fraie un chemin au creux des fourrés les plus épais, comme dans les forêts les plus impénétrables."

Durant ces derniers mois, à propos d'éléphants, j'ai vu deux fois en l'espace de quelques jours une image de la partie se situant entre les deux yeux, en-haut de la trompe. Je constatais que la peau y était particulièrement épaisse. Mes préoccupations tournaient autour de ma difficulté à méditer, à lâcher prise, alors j'ai compris que l'image me montrait l'endroit où se trouve le troisième oeil, et la peau y était particulièrement coriace, difficile à percer pour atteindre cette région de la conscience transcendantale.

Le 6 mars, une image: Vu d'en-haut, au milieu d'un endroit désertique, un petit village, une oasis entourée de murs. Un garçon et un éléphant debout comme un humain viennent tout juste d'en sortir; ils sont à la porte. L'éléphant a l'air très joyeux, il trépigne d'excitation à l'idée de vivre une nouvelle aventure. J'entends le mot "Blamsara".

Le 16 mars, je rêve que je suis dans un pays étranger (pays d'Afrique) et on me donne une gâterie en forme d'éléphant dans un petit sac transparent.

Et puis, quelques jours après avoir créé ce blog, j'ai rêvé que je marchais sur un sentier, et un petit éléphant marchait quelques pas devant moi, un bébé éléphant tout blanc. Je le regardais marcher, tout mignon et alerte, et je lui demandais d'où il venait (sans attendre de réponse, comme on parle aux animaux ou aux bébés). J'espérais le rejoindre. Un bébé représente toujours le début de quelque chose qui est appelé à grandir, un projet, une idée. Il était blanc comme ces pages blanches m'invitant à m'exprimer à ma façon!

Longue vie à ce jeune éléphant!...

Michelle
21 juin 2009

* A propos du livre "Le test de l'arche de Noé", en voici le résumé:
"L'homme a toujours été fasciné par les animaux. La diversité des morphologies et des comportements qui les caractérise a inscrit dans l'inconscient humain, de façon indélébile, un monde de symboles, reflets de ses propres instincts. L'interprétation des attirances et des répulsions envers tel ou tel animal peut nous renseigner sur nos dispositions caractérielles, notre agressivité, notre originalité, notre réalisme. Pourrait-on aller jusqu'à dire: "Dis moi ceux que tu aimes et je te dirai qui tu es"?
"Le symbolisme thériomorphique a été souvent traité, mais les interprétations restent dispersées dans des oeuvres où le symbolisme des animaux n'est abordé que de façon incomplète et occasionnelle. L'auteur tente ici une synthèse et il propose un test, un jeu, que tous pourront, après lecture, interpréter pour eux et pour leurs proches."

samedi 20 juin 2009

Naviguer entre les écueils



Naviguer entre les écueils, endormi dans sa barque, faisant confiance au destin pour nous diriger vers la lumière, malgré les orages, malgré les obstacles.

vendredi 19 juin 2009

Les symboles

Le Dictionnaire des symboles, de Jean Chevalier et Alain Gheerbrant (aux éditions Laffont) est un de mes trésors: un guide intéressant et enrichissant du monde symbolique, qui m'a bien souvent aidée dans la compréhension de mes rêves, images psychiques, mais aussi m'a apporté maintes informations sur la mythologie ancienne et contemporaine. L'introduction de ce livre, écrite par Jean Chevalier, est presque un livre complet en soi. En voici quelques extraits:

"Les symboles connaissent aujourd'hui une faveur nouvelle. L'imagination n'est plus vilipendée comme la folle du logis. Elle est réhabilitée, soeur jumelle de la raison, comme l'inspiratrice des découvertes et du progrès. Cette faveur est due en grande partie aux anticipations de la fiction que la science vérifie peu à peu, aux effets du règne actuel de l'image que les sociologues essaient de mesurer, aux interprétations modernes des mythes anciens et à la naissance de mythes modernes, aux lucides explorations de la psychanalyse. Les symboles sont au centre, ils sont le coeur de cette vie imaginative. Ils révèlent les secrets de l'inconscient, conduisent aux ressorts les plus cachés de l'action, ouvrent l'esprit sur l'inconnu et l'infini."

"A longueur de jour et de nuit, dans son langage, ses gestes ou ses rêves, qu'il s'en aperçoive ou non, chacun de nous utilise les symboles. Ils donnent un visage aux désirs, ils incitent à telle entreprise, ils modèlent un comportement, ils amorcent succès ou échecs." "Des travaux récents, et de plus en plus nombreux, éclairent les structures de l'imaginaire et la fonction symbolisante de l'imagination. On ne peut plus méconnaître aujourd'hui des réalités aussi agissantes. Toutes les sciences de l'homme, comme les arts et toutes les techniques qui en procèdent, rencontrent des symboles sur leur chemin. Elles doivent conjuguer leurs efforts pour déchiffrer les énigmes qu'ils posent; elles s'associent pour mobiliser l'énergie qu'ils détiennent condensée. C'est trop peu de dire que nous vivons dans un monde de symboles, un monde de symboles vit en nous. L'expression symbolique traduit l'effort de l'homme pour déchiffrer et maîtriser un destin qui lui échappe à travers les obscurités qui l'entourent."

"Bien loin d'être faculté de former des images, l'imagination est puissance dynamique qui déforme les copies pragmatiques fournies par la perception et ce dynamisme réformateur des sensations devient le fondement de la vie psychique tout entière. On peut dire que le symbole possède plus qu'un sens artificiellement donné, mais détient un essentiel et spontané pouvoir de retentissement. Dans la "Poétique de l'espace", G. Bachelard précise ce point: le retentissement nous appelle à un approfondissement de notre propre existence... il opère un virement d'être." Le symbole est véritablement novateur. Il ne se contente pas de rpovoquer des résonances, il appelle une transformation en profondeur..."

"Pour C.G. Jung, le symbole n'est, certes, ni une allégorie, ni un simple signe, mais plutôt une image propre à désigner le mieux possible la nature obscurément soupçonnée de l'Esprit. Rappelons que, dans le vocabulaire de l'analyste, l'esprit englobe le conscient et l'inconscient, concentre les productions religieuses et éthiques, créatrices et esthétiques de l'homme, colore toutes les activités intellectuelles, imaginatives, émotives de l'individu, s'oppose en tant que principe formateur à la nature biologique et maintient en constant éveil cette tension des contraires qui est à la base de notre vie psychique."

"R. de Becker a bien résumé les différents aspects du symbole: "Le symbole peut être comparé à un cristal restituant différemment la lumière selon la facette qui la reçoit. Et on peut encore dire qu'il est un être vivant, une parcelle de notre être en mouvement et en transformation. De sorte qu'à le contempler, à le saisir comme objet de méditation, on contemple aussi la propre trajectoire qu'on s'apprête à suivre, on saisit la direction du mouvement dans lequel l'être est emporté."

"Le symbolisme est ue donnée immédiate de la conscience totale, affirme Mircea Eliade, c'est-à-dire de l'homme qui se découvre comme tel, de l'homme qui prend conscience de sa position dans l'univers; ces découvertes primordiales sont liées de façon si organique à son drame que le même symbolisme détermine aussi bien l'activité de son subsconscient que les plus nobles expressions de la vie spirituelle."

"La perception du symbole exclut donc l'attitude du simple spectateur, elle exige une participation d'acteur. Le symbole n'existe qu'au plan du sujet, mais sur la base du plan de l'objet. Attitudes et perceptions subjectives font appel à une expérience sensible et non à une conceptualisation. Le propre du symbole est de rester indéfiniment suggestif: chacun y voit ce que sa puissance visuelle lui permet de percevoir. Faute de pénétration, rien de profond n'est perçu."

"L'analyse qui fragmente et pulvérise est impuissante à saisir la richesse du symbole; l'intuition n'y parvient pas toujours; elle doit être éminemment synthétique et sympathique, c'est-à-dire, partager et éprouver une certaine visioin du monde. Car le symbole a pour privilège de concentrer sur la réalité de départ, lune, taureau, lotus, flèche, toutes les forces évoquées par cette image et par ses analogues, à tous les plans du cosmos et à tous les niveaux de la conscience. Chaque symbole est un microcosme, un monde total." "Le symbole, pluridimensionnel, est susceptible d'un nombre infini de dimensions."

"Le symbole exprime le monde perçu et vécu tel que l'éprouve le sujet, non pas selon sa raison critique et au niveau de sa conscience, mais selon tout son psychisme: affectif et représentatif, principalement au niveau de l'inconscient. Il n'est donc pas un simple artifice plaisant ou pittoresque, mais une réalité vivante qui détient un pouvoir réel en vertu de la loi de participation. Il se substitue à la relation du moi avec son milieu, sa situation, ou avec lui-même, quand cette relation n'est pas assumée en pleine connaissance de cause. Mais ce qu'il tend à suggérer ce n'est pas seulement, selon l'école freudienne, l'objet d'un refoulement, c'est, selon la pensée de Jung, le sens d'une recherche et la réponse d'une intuition incontrôlable. La fonction originale des symboles est précisément cette révélation existentielle de l'homme à lui-même, à travers une expérience cosmologique, dans laquelle nous pouvons inclure toute son expérience personnelle et sociale."

"C'est le monde qui parle par le symbole, écrit C.G. Jung. Plus le symbole est archaïque et profond..., plus il devient collectif et universel." "Le symbolisme n'est pas logique... Il est pulsion vitale, reconnaissance instinctive; c'est une expérience du sujet total, qui naît à son propre drame par le jeu insaisissable et complexe des innombrables lien qui tissent son devenir en même temps que celui de l'univers à qui il appartient et auquel il emprunte la matière de toutes ses re-connaissances."

Et cette remarquable introduction au Dictionnaires des symboles se termine ainsi:

"Et maintenant, pour reprendre les mots de Marthe Arnould, allons chercher les clefs des beaux chemins... Au-delà des apparences, allons chercher la vérité, la joie, le sens caché et sacré de tout ce qui est sur cette terre enchanteresse et terrible... C'est la voie du devenir..."

jeudi 18 juin 2009

Magie de la vie

"Le merveilleux de la vie repose sur son imprévisibilité. Toutes nos existences sont bouleversées d'une manière irrévocable par des événements qu'il nous est impossible de prévoir. Nous sortons de chez nous chaque matin, pour aller travailler, aller à l'école ou même chez l'épicier, et 99 fois sur 100, nous rentrons sans qu'il soit arrivé quelque chose dont nous nous souviendrons plus tard. Ces jours-là nos existences sont emportées par la banalité du quotidien, par le rythme monotone de nos vies. C'est pour l'autre jour, le jour magique, que nous vivons.

Durant ce jour magique, notre personnalité s'affine, notre maturité s'accélère, de nouveaux pas dans la découverte de nos émotions sont franchis. Parfois, peut-être une seule fois dans toute notre vie, viennent ensemble plusieurs de ces jours magiques l'un après l'autre, si débordants de vie, de changements et de défis, que nous sommes complètement métamorphosés à leur contact, et que nos âmes sont inondées d'une joie sans bornes. Durant ces jours, nous sommes souvent subjugués par le seul et incroyable miracle de la vie."

"La terre est un berceau", Arthur C. Clarke et Gentry Lee

Mes commentaires:

Voici un livre qui, comme beaucoup d'autres dans le domaine de la science-fiction, m'a parlé symboliquement. Je l'ai lu il y a dix ans, mais j'ai pris des notes à ce moment-là, qui me permettront de vous en parler un peu. "Des extra-terrestres ont envoyé en mission un vaisseau spatial pour semer sur leurs planètes d'origine des organismes gardés à l'abri dans des berceaux. Une douzaine de berceaux en tout sur des planètes différentes. Mais sur une des planètes, le vaisseau est endommagé par une bombe nucléaire et se dépose dans les fonds sous-marins de la terre, en vue d'effectuer les réparations nécessaires. Les extra-terrestres ont besoin, de la part des humains, d'informations sur l'évolution des humains sur la terre et de la planète elle-même, et aussi de plomb et d'or pour la réparation du vaisseau! (J'ai failli écrire "pour la réparation des humains"). Les humains refusent le berceau qui leur est offert, le redonnent aux extra-terrestres, préférant suivre leur propre évolution sans interférence extérieure." Pour comprendre la richesse d'un tel récit, il faut une lecture au 2e degré, psychologique, symbolique.

Les humains ont peur de ce qui leur est étranger, ils ont peur du changement. Le vaisseau est trouvé dans la mer, qui symbolise l'inconscient, cet immense réservoir de toute l'expérience humaine. Les rares humains qui se sont introduits dans ce vaisseau extra-terrestre ont été émerveillés par cette expérience: musique, couleurs, lumière, arts conjugués, danse des astres. Et c'est bien ce qui nous attend, quand on a des contacts avec l'inconscient, c'est la magie "extra-terrestre" qui nous appelle, nous interpelle, pour qu'on danse avec elle! Ces extra-terrestres ne convoitent pas l'or en tant qu'objet de luxe, de puissance, de pouvoir, mais comme matériau idéal de reconstruction. Ils utilisent aussi le plomb. Métaux d'alchimistes. Le berceau contient des germes d'une nouvelle vie. L'inattendu: c'est ce qui fait si peur aux humains... qui choisissent trop souvent, en effet, de rester dans leurs habitudes, dans leur monde connu, préférant continuer à exprimer leur insatisfaction sans vouloir rien y changer, dans le fond. On a peur de son ombre, pour employer cette expression si courante, mais très mal comprise. Beaucoup d'êtres humains ont peur de leur ombre, c'est à dire de ce qu'ils ne veulent pas voir en eux, et qu'ils projettent donc allègrement à l'extérieur, sur leur entourage, sur le monde, etc. Mais c'est pourtant en prenant conscience d'abord de son ombre (le plomb) qu'on accède peu à peu à nos richesses intérieures (notre or). Le plomb et l'or servent à réparer le vaisseau transportant le berceau qui contient des germes nouveaux. Voyez comme c'est beau, vu sous cet angle-là! Nous avons tout intérêt à accepter un tel cadeau de la vie, n'est-ce pas?

Michelle
18 juin 2009

dimanche 14 juin 2009

Les possibilités du cerveau

"Le cerveau est capable d'accomplir des millions de tâches différentes, et les gens devraient comprendre à quel point leur esprit est quelque chose d'extraordinaire. Non seulement avons-nous dans notre tête cet instrument fabuleux qui peut faire des tas de choses pour nous et nous aider à apprendre, mais il peut également se transformer et s'adapter, et ainsi nous permettre de nous améliorer. Il peut même nous aider à nous transcender.

Il se peut même qu'il puisse effectivement nous faire accéder à un plan d'existence supérieur, où nous pourrons mieux comprendre le monde et nos rapports avec les choses et les gens, et finalement réussir à donner un sens plus profond à notre vie et au monde qui nous entoure. Notre cerveau comporte une partie spirituelle à laquelle nous pouvons tous avoir accès; nous en sommes tous capables."

Tiré du livre "Que sait-on vraiment de la réalité?"

Commentaire: Je serais portée à changer le mot "cerveau" par le mot "conscience", mais le cerveau est capable de bien des fonctions reliées au corps dont nous ne sommes aucunement conscients.

L'altruisme, c'est bon pour la santé

Extraits du livre "La voie c'est... les autres", de Jacques Languirand (Par 4 chemins, spécial Thématique)
Editions de Mortagne, 1990

"On peut affirmer aujourd'hui qu'il a été démontré hors de tout doute que les personnes qui s'emploient à rendre service aux autres, par exemple dans les organisations communautaires, sont en général moins sujettes à la maladie et vivraient plus vieilles... et plus heureuses!

L'effet bénéfique de l'altruisme n'est pourtant pas pour nous surprendre. De tout temps on a observé que pendant les épidémies, ceux qui s'occupent des autres paraissent augmenter leurs chances de n'être pas eux-mêmes atteints par le mal. Il est rare en effet que les médecins, les infirmières, les intervenants en général... soient parmi les victimes. On trouve des exceptions, bien sûr, mais tout porte à croire que, dans de telles circonstances, plus on s'occupe des autres moins il y aurait de risque pour soi. On attribuait dans le passé ce phénomène à l'effet magique, religieux, surnaturel du service aux autres, considéré comme une grâce d'état. Mais on est aujourd'hui en mesure d'en proposer une explication plus satisfaisante du point de vue scientifique. Des recherches récentes montrent que les attitudes et les comportements altruistes se traduisent en fait par un fonctionnement neurohormonal optimal qui aurait pour effet de renforcer le système immunitaire et, en général, de favoriser un meilleur fonctionnement de l'organisme. Voici le résultat sommaire de certaines de ces recherches:

Le Centre d'étude et de recherche de l'université du Michigan a suivi pendant quatorze ans plus de 2,700 habitants de la ville de Tecumseh, afin de savoir si les relations sociales avaient une incidence sur les taux de mortalité. Or, pour la période étudiée, le taux de mortalité était deux fois et demie plus élevé chez les personnes qui n'entretenaient pas de relations sociales suivies.

Un groupe d'épidémiologistes de l'université Yale, au Connecticut, et de l'université de Berkeley, en Californie, ont étudié sur une période de neuf ans plus de 7,000 habitants du comté d'Alameda. Ils ont observé que les personnes vivant seules, ayant peu de parents ou d'amis et fuyant les activités communautaires, avaient un taux de mortalité au moins deux fois plus élevé, indépendamment de la race, des revenus ou du mode de vie.

Des chercheurs ont aussi tenté de déterminer ce qui peut faire d'une vie sociale active un facteur de santé et de mieux-être. Ils en ont découvert l'effet bénéfique sur le fonctionnement neurohormonal, par la stimulation en particulier de l'endorphine, analgésique naturel du cerveau. (Le pionnier de la recherche sur le stress, Hans Selye, pensait déjà dans les années cinquante que l'affection, la chaleur des liens qui se créent avec les gens que l'on aide avaient pour effet de diminuer les tensions.)

En conclusion, il ressort de ces recherches que si le sentiment d'interdépendance de l'animal social que nous sommes se traduit par le service aux autres et une participation au plan social, que ce soit par une activité communautaire ou une relation d'aide et de soutien, cette démarche aura des effets bénéfiques sur la santé physique et psychique.

Le service aux autres ou la participation sociale a non seulement pour effet de réduire les tensions occasionnées par le stress et de diminuer l'angoisse, par le simple fait de détourner de soi une attention souvent névrotique, mais aussi d'alimenter l'estime de soi et de renforcer l'identité.

Je dois préciser ici que des recherches ont toutefois montré que les dons d'argent n'ont pas d'effet positif sur le fonctionnement de l'organisme... Je ne dis pas qu'il faille pour autant renoncer à cette forme de générosité! Elle n'est certes pas sans effet sur d'autres plans. Mais il demeure que le contact humain est nécessaire, indispensable même, pour que l'effet positif de l'altruisme sur l'organisme soit ressenti."

Jacques Languirand

P.S. M. Languirand démontre aussi que les attitudes d'hostilité et de cynisme, au contraire, représentent un facteur de risque non seulement de maladies cardio-vasculaires mais aussi de différents états pathologiques comme le cancer. "Le Dr Redford Williams (spécialiste en médecine du comportement au Centre médical de l'université Duke) fait état de deux études qui montrent que ces états d'âme négatifs augmentent de quatre à sept fois les risques d'accidents cardio-vasculaires. Une attitude hostile ou cynique est finalement aussi mauvaise pour le coeur qu'un taux de cholestérol ou une tension artérielle élevés. Les êtres irritables, agressifs, critiques, dogmatiques, méfiants seraient en général plus sujets à des difficultés d'ordre cardio-vasculaires. Parmi les facteurs de troubles cardio-vasculaires: tabac, cholestérol, alcool, etc., le facteur psychique qu'il appelle le facteur L représente même, selon le Dr Williams, une augmentation du risque de l'ordre de 40%."

vendredi 12 juin 2009

La grande erreur des spiritualistes

"Pour comprendre comment les énergies psychiques circulent et travaillent dans l’homme, il faut observer comment elles circulent et travaillent dans la nature. Regardez un arbre : plus son tronc et ses branches s’élèvent, plus ses racines s’enfoncent profondément dans le sol. C’est un système de compensation que l’on retrouve dans tous les plans, qu’ils soient physique, psychique ou spirituel. Donc, plus l’homme tend à s’élever dans sa conscience, plus il descend dans son subconscient. Chaque niveau de conscience représente des courants, des forces, des entités, et il doit veiller à tenir ces deux mondes en équilibre.

La grande erreur de ceux qui décident d’embrasser la vie spirituelle, c’est de négliger la réalité du monde obscur qu’ils portent en eux. Ils s’imaginent qu’il suffit de vouloir travailler pour la lumière, de vouloir être sages, justes et désintéressés pour y parvenir effectivement. Eh non, malheureusement non. Et c’est ainsi que l’on voit des personnes parler d’amour spirituel, de sentiments nobles et désintéressés, alors qu’elles vivent dans le désordre des passions. Et d’autres s’imaginent qu’elles se sont consacrées à un idéal, alors qu’en réalité elles sont en train de donner libre cours à leur vanité, à leur besoin de dominer les autres.

Vous direz : « Mais pourquoi ? Elles sont hypocrites, elles manquent de sincérité ? » Non,
Il peut y avoir chez elles de réelles aspirations spirituelles ; seulement il ne suffit pas d’ « aspirer » pour réaliser ! Et si l’on ne fait pas l’effort d’entrer en soi-même pour comprendre les structures et les mécanismes du psychisme humain, on va au devant des pires contradictions."


Omraam Mikhaël Aïvanhov

dimanche 7 juin 2009

Influence

Lorsqu'un individu se consacre à l'individuation, il a fréquemment une influence contagieuse positive sur ceux qui l'entourent. C'est comme une étincelle qui saute de l'un à l'autre. Et cela se produit d'ordinaire quand on n'a pas l'intention d'influencer les autres et souvent alors qu'on n'utilise pas la parole.

Marie-Louise Von Franz

L'Homme et ses symboles, C G Jung et collectif, éd. Robert Laffont

Citations de Sri Aurobindo

Quand tu te prends à mépriser quelqu’un,
regarde dans ton cœur et ris de ta folie.

C'est un miracle que les hommes puissent aimer Dieu
Et pourtant ne parviennent pas à aimer l'humanité.
De qui donc sont-ils amoureux ?

Le monde tout entier aspire à la liberté et pourtant chaque créature est amoureuse de ses chaînes. Tel est le premier paradoxe et le noeud inextricable de notre nature.

Sri Aurobindo

Le toit

Il était une fois une petite maison verte sur le bord d'une grande route. Elle était faite de pierres grises, en fait. Le toit était si grand pour une si petite maison (un croisement?) que la grisaille ne paraissait pas. Mais, en-dedans! En-dedans c'était noir. Parfois noir avec un peu de rouge. Parfois noir avec un peu de bleu. Parfois noir avec un peu de jaune. Parfois noir et toutes ces couleurs à la fois.

C'était cet énorme toit qui la rendait si noire. Ce grand toit vert! Mais ce toit protégeait aussi du froid. Car le matériau en était une substance chauffante, calorifique!

Qui habitait là? Celui qui habitait là s'appelait Ti-Pierre. Ti-Pierre, il était bien, là, mais il s'ennuyait. Il aurait aimé partager sa masure avec un être humain, quel qu'il soit; c'est ce qu'il se disait, en tout cas!
Il était assis sur le pas de sa porte, très patient. Il regardait passer toute la journée des automobiles de toutes les couleurs.

Un jour vînt à passer un homme entre deux âges qui arrêta sa camionnette en face de là! Et Ti-Pierre, tout content, put jaser un peu pendant ce moment béni où un passant s'arrêta enfin chez lui. Il apprit peu de choses en fait sur cet homme, mais celui-ci lui parla de la maison, de son grand toit!

- Mais... vous n'avez pas trop chaud parfois avec un tel toit?

- Oh oui, en été parfois j'étouffe, et je sors pour dormir dehors à l'air frais.

- Je pourrais peut-être vous aider. Vous savez, je suis charpentier. J'ai de nouvelles idées mais aucune possibilité de les concrétiser. Monsieur, si vous le permettez, je vous l'offre gratuitement. J'ai ici des outils, dans ma camionnette. Voyez par là!

Ti-Pierre remarqua alors sur un côté de la camionnette une inscription: "Monsieur Joseph, charpentier et homme à tout fabriquer..."

- Il doit quand même vous tenir à coeur, ce toit! Alors, voyez-vous, je travaillerai à former un nouveau toit à partir du vôtre! Qu'est-ce que vous en pensez?

- Oui, oui, bien sûr, ça ne me dérangera pas. Et puis, je vous offre de passer la nuit sous mon toit avec moi comme compagnon. Vous savez, jamais je ne reçois chez moi depuis très, très longtemps.

- Comment, depuis longtemps!! Vous me paraissez très jeune pourtant!

- J'ai 29 ans, monsieur et le temps est si long pour moi que j'ai l'impression d'en avoir cent.

- Le temps... Ça dépend! C'est très changeant. Voyez en ce moment, comme le temps passe vite. Et moi qui allais à la foire demander si quelqu'un aurait besoin de mes services. Et voilà que je vois votre toit! Un toit à faire rêver tout charpentier. Mais je vais vous dire, à moi, il inspire une belle idée: j'ai envie de le sculpter, comme on amincit une trop lourde chevelure, en ôtant de ci de là quelques brins. Laissez-moi faire et bientôt... jamais votre maison n'aura été si belle, si bien que tout un chacun voudra la regarder!

Ti-Pierre remercia infiniment cet étranger qui le devenait moins et l'invita à entrer, puisque la nuit tombait. C'était très noir en-dedans. Il alluma toutes les chandelles qu'il trouva. M. Joseph, tout de suite, se sentit à l'aise, s'étira comme un chat, puis s'assit avec bonheur dans un fauteuil rouge qui lui tendait les bras. Il accepta volontiers un sandwich et un bol de soupe fumant. Tout ça c'était bien bon. Et les deux hommes se sentirent si bien ensemble qu'ils conclurent un arrangement. En fait, ils ne mirent rien sur papier mais amicalement, ils se tendirent la main mutuellement et fraternisèrent simplement!

Il n'en fallut pas plus pour que la vie de Ti-Pierre et de M. Joseph change complètement.

M. Joseph passa ses journées sur le toit et avec des outils qu'il s'était fabriqués, sculpta une oeuvre de toute beauté, une forêt où scintillait le soleil car il avait installé des vitres-miroirs entre les arbres. Tout cela jouissait d'un système d'irrigation particulier. De vrais oiseaux nichaient même entre les branches, avec les oiseaux de bois. Il y avait un faon aussi à l'orée du bois, qui regardait plus loin, là-bas!

Ti-Pierre n'en revenait pas, chaque jour le toit devenait plus vivant! Il ne craignait plus le temps, il le savourait doucement... enfin! Vive le présent!

Des voyageurs s'arrêtaient pour voir cette maison de plus près. Même quand M. Joseph un jour s'éclipsa, Ti-Pierre continua de recevoir la visite de milliers de gens attirés par son toit. Si bien qu'il louait deux petites maisonnettes qu'il s'était fait construire pendant que M. Joseph était là. Jamais plus il ne s'ennuya. Il y eut toujours quelqu'un sous son toit aussi, car il s'est fait bien des amis, comme ça!

Michelle
29 janvier 1994

Le maintenant de Pooh


"Au lever du soleil, à la tombée de la nuit, un petit Ourson marche dans la forêt. Pourquoi le suivions-nous lorsque nous étions plus jeune? Ce n'est après tout qu'un petit Ourson sans beaucoup de cervelle. Mais est-ce que le cerveau a tellement d’importance? Est-ce vraiment le cerveau qui nous conduit là où nous devons aller? Ou bien n’est-ce pas trop souvent lui qui nous oriente dans la mauvaise direction, à suivre l’écho du vent dans la cime des arbres, nous faisant croire qu’il est réel, au lieu de nous faire écouter la petite voix à l’intérieur qui nous indique à quel endroit tourner?

Le cerveau peut accomplir toutes sortes de choses, mais les choses qu’il accomplit ne sont pas les plus importantes. L’intelligence abstraite ne fait que séparer celui qui pense et le monde réel; et ce monde - la Forêt de la Vraie Vie - est dans un état désespéré à cause des gens trop nombreux qui pensent trop et font trop peu attention. Malgré ce que se plaisent à croire certains esprits, ce malentendu ne peut pas durer très longtemps si l’on veut que le monde survive. Pour éviter le désastre, le seul choix que nous ayons est de modifier notre approche et d’apprendre à reconsidérer la sagesse et le contentement. Or ces choses sont recherchées par dessus tout à travers la connaissance et l’intelligence, alors qu’elles ne sont issues ni de l’une ni de l’autre. Elles ne l’ont jamais été, et ne le seront jamais. Nous ne pouvons plus nous permettre de rechercher désespérément et avec une telle force quelque chose au mauvais endroit et à travers un mauvais cheminement. Si nous laissons la connaissance et l’intelligence continuer à tout envahir, elles détruiront avant peu toute vie sur la terre telle que nous la connaissons, et le peu qui survivra ne vaudra pas la peine qu’on s’en occupe, même si nous le voulions.

Les maîtres de vie connaissent le chemin, car ils écoutent leur voix intérieure, la voix de la sagesse et de la simplicité, la voix qui raisonne au-delà de l’intelligence et sait au-delà de la connaissance. Cette voix n’est pas le propre et le bien de quelques-uns, mais a été donnée à tous. Or ceux qui la suivent sont presque toujours traités comme des exceptions à la règle, et non comme des exemples de cette règle en action - celle-ci pouvant s’appliquer à tout être qui en fait usage.
En chacun de nous sommeille un Maître Hibou (L’intellectuel du groupe), un Coco Lapin (Lui, il est toujours très très pressé, ne prend jamais le temps de s’arrêter). Aujourd’hui, à l’image de Bourriquet, nous nous plaignons des résultats obtenus. Mais cela ne mène à rien. Si nous étions plus malins, nous choisirions la voie de Pooh. Comme venant de très loin, elle nous interpelle réveillant en nous l’esprit
de l’enfant. Elle est peut-être parfois difficile à entendre, mais elle est tout aussi importante, parce que sans elle nous ne parviendrions jamais à trouver notre chemin à travers la Forêt."

Ce texte est tiré du livre “Le Tao de Pooh”, de Benjamin Hoff - à l’exception de ce qui est écrit entre parenthèses, que j’ai ajouté pour la bonne compréhension du texte. Michelle

Dépassement

Extraits du livre "Commentaire sur le Mystère de la Fleur d'Or", de Carl Gustav Jung

"J'ai toujours travaillé avec la conviction innée qu'il n'existe pas au fond de problème insoluble. Et l'expérience m'a donné raison en ce sens que la plupart du temps j'ai vu comment des individus dépassaient un problème sur lequel d'autres s'étaient irrémédiablement brisés. Ce "dépassement", comme je l'ai d'abord appelé, s'avéra être à l'expérience une élévation du niveau de la conscience. Quelque intérêt plus élevé et plus vaste faisait son apparition à l'horizon et cet élargissement ôtait au problème de son caractère oppressant. Il n'était pas résolu en lui-même de façon logique, mais il pâlissait devant une direction vitale nouvelle et plus forte. Il n'était pas refoulé ou rendu inconscient, mais il apparaissait simplement dans une lumière différente et, ainsi devenait également différent. Ce qui, à un stade inférieur, avait donné lieu aux conflits les plus âpres et à des explosions paniques de l'affectivité, apparaissait maintenant, considéré d'un niveau supérieur de la personnalité, comme un orage dans la vallée contemplé du sommet d'une montagne. L'orage n'est nullement dépouillé de sa réalité, mais on est désormais au-dessus et non plus dedans."

"Il est arrivé de temps à autre dans ma pratique qu'un individu se dépasse lui-même en raison de possibilités obscures, et cela a été pour moi la plus riche des expériences. J'avais en effet appris entretemps que les problèmes vitaux les plus graves et les plus importants sont tous, au fond, insolubles, et ils doivent l'être, car ils expriment la polarité nécessaire qui est immanente à tout système d'autorégulation. Ils ne peuvent jamais être résolus, mais seulement dépassés. Je me suis donc demandé si cette possibilité de dépassement, c'est-à-dire d'évolution psychique plus poussée, n'était pas en définitive la donnée normale et si le fait de demeurer fixé à ou dans un conflit n'était pas ce qu'il y avait de pathologique. Tout homme doit posséder ce degré supérieur, au moins sous forme de germe, et pouvoir développer cette possibilité moyennant des circonstances favorables. En observant le processus d'évolution de ceux qui se dépassaient eux-même en silence et comme inconsciemment, je vis que leur destin avait un trait commun: la nouveauté venait à eux de possibilités obscures, ils l'acceptaient et se dépassaient grâce à elle... Pourtant elle (la nouveauté) n'était jamais provoquée de façon intentionnelle et consciente, mais elle s'avançait, portée sur le fleuve du temps.

La tentation d'introduire partout un dessein et une méthode me paraît si grande que je m'exprime délibérément d'une façon très abstraite pour ne rien préjuger, car la nouveauté ne doit être ni ceci ni cela, sinon on en fait une recette que l'on peut multiplier "machinalement", et ce serait alors une fois de plus le "moyen juste" dans les mains de l'"homme de travers". J'ai en effet été impressionné au plus profond de moi-même en constatant que la nouveauté ne correspond que rarement ou jamais à l'attente consciente et, chose plus remarquable encore, qu'elle contredit également les instincts enracinés tels que nous les connaissons, tout en constituant pourtant une expression singulièrement pertinente de la personnalité, expression dont on n'eût pu imaginer une forme plus complète.

Et que faisaient ces gens pour réaliser le progrès libérateur? Autant que j'aie pu voir, ils ne faisaient rien (wou wei), mais laissaient advenir: ainsi que le maître Lu Tsou l'indique dans notre texte (Le Mystère de la Fleur d'Or), la lumière tourne suivant sa propre loi si l'on ne cesse pas d'exercer ses occupations habituelles. Le "laisser advenir", l'action non agissante, l'abandon de maître Eckhart est devenu pour moi la clé permettant d'ouvrir les portes qui mènent à la voie: dans le domaine psychique, il faut pouvoir laisser advenir. C'est pour nous un art véritable auquel quantité de gens ne comprennent rien: leur conscient ne cesse d'aider, de corriger et de nier, de multiplier les interférences et, dans tous les cas, il ne peut laisser en paix le pur déroulement du processus psychique. La tâche serait assez simple, si la simplicité n'était pas ce qu'il y a de plus difficile."

Carl Jung, Commentaire sur le Mystère de la Fleur d'Or, Editions Albin Michel

samedi 6 juin 2009

Evolution de la conscience - Sri Aurobindo

Extrait de "La vie divine" de Sri Aurobindo
http://intyoga.online.fr/ld_espfr.htm

La conscience et la vie doivent être la clef de ce qui est ... en voie d'accomplissement dans le Temps; car sans elles, la matière et le monde de la matière seraient un phénomène dépourvu de sens, quelque chose qui est arrivé juste par hasard ou par une nécessité inconsciente. Mais la conscience telle qu'elle est, la vie telle qu'elle est ne peuvent pas être le secret total; car toutes deux sont très clairement quelque chose d'inachevé, elles sont encore en voie de développement. En nous la conscience est le mental, et notre mental est ignorant et imparfait; c'est un pouvoir intermédiaire qui grandit et qui continue de grandir vers quelque chose au-delà de lui-même. Il y a eu des niveaux inférieurs de conscience qui sont apparus avant lui et d'où il s'est élevé; et il doit y avoir évidemment des niveaux supérieurs vers lesquels il s'élève à son tour. Avant notre mental, qui pense, raisonne et réfléchit, il y avait une conscience qui ne pensait pas, mais qui vivait et sentait; et avant elle, il y avait le subconscient et l'inconscient. Après nous, ou dans notre moi qui n'est pas encore apparu dans l'évolution, il doit y avoir probablement une plus grande conscience qui attend, lumineuse en soi et qui ne dépend pas de la pensée constructrice; notre mental pensant, imparfait et ignorant, n'est certainement pas le dernier mot de la conscience, son ultime possibilité. Car l'essence de la conscience est le pouvoir de se percevoir soi-même et de percevoir ses objets, et, dans sa vraie nature, ce pouvoir doit être direct, complet et s'accomplir spontanément. Si son action est en nous indirecte, incomplète, imparfaite, si elle dépend d'instruments qu'elle a construits, c'est parce que, ici-bas, la conscience émerge d'une inconscience originelle qui la voile, et qu'elle est encore enveloppée et alourdie par la nescience primordiale propre à l'inconscient; mais elle doit avoir le pouvoir d'émerger complètement. Sa destinée doit être d'évoluer jusqu'à sa propre perfection, qui est sa vraie nature. Sa vraie nature est d'être pleinement consciente de ses objets, et de ses objets le premier est le moi, l'être qui à travers l'évolution développe sa conscience ici-bas, et le reste est ce que nous percevons comme non-moi. Mais si l'existence est indivisible, ce non-moi aussi doit, en réalité, être le moi; dès lors, la destinée de la conscience en évolution doit être de devenir parfaitement consciente, entièrement consciente du moi et du tout. Cet état parfait et naturel de la conscience est pour nous une supraconscience, un état qui nous dépasse, et où notre mental, s'il y était soudainement transporté, ne pourrait pas tout d'abord fonctionner; mais c'est vers cette supraconscience que notre être conscient doit évoluer. Or cette évolution de notre conscience vers son sommet, la supraconscience, n'est possible que si l'inconscience qui est notre base ici-bas, est elle-même, en fait, une supraconscience involuée; car ce qui doit apparaître dans le devenir de la Réalité en nous, doit être déjà là, involué ou caché dans son commencement. Nous pouvons en effet concevoir que l'Inconscient est un Être ou un Pouvoir ainsi involué, quand nous observons attentivement cette création matérielle issue d'une énergie inconsciente et que nous voyons celle-ci mettre au jour par des constructions singulières et des artifices infinis, l'oeuvre d'une vaste Intelligence involuée, et quand nous voyons que nous-mêmes aussi, sommes quelque chose de cette Intelligence, quelque chose qui évolue hors de son involution, une conscience qui émerge et dont l'émergence ne peut s'arrêter court sur le chemin tant que ce qui est involué n'a pas évolué et ne s'est pas révélé comme une Intelligence suprême, totalement consciente d'elle-même et totalement consciente de tout. C'est à cela que nous avons donné le nom de Supramental ou Gnose. Car cela doit être évidemment la conscience de la Réalité, de l'Être, de l'Esprit qui est caché en nous et qui lentement se manifeste ici-bas. De cet Être nous sommes les devenirs et nous devons croître à sa ressemblance.Si la conscience est le secret central, la vie est l'indication extérieure, le pouvoir réalisateur de l'être dans la matière; car c'est elle qui libère la conscience et lui donne sa forme, la revêt de force et la traduit en acte dans la matière. Si une révélation de soi ou un accomplissement de soi dans la matière est le but ultime de l'Être qui évolue dans la naissance, la vie est le signe extérieur et dynamique, l'indice de cette révélation et de cet accomplissement. Mais la vie aussi, telle qu'elle est maintenant, est imparfaite et en cours d'évolution; elle évolue par la croissance de la conscience, de même que la conscience évolue par l'organisation et la perfection plus grandes de la vie - une plus vaste conscience signifie donc une vie plus vaste. L'homme, l'être mental, a une vie imparfaite parce que le mental n'est pas le premier ni le plus haut pouvoir de conscience de l'Être, et même si le mental était rendu parfait, il resterait encore quelque chose à réaliser, quelque chose qui n'est pas encore manifesté. Car ce qui est involué et qui émerge, n'est pas le mental mais l'Esprit, et le mental n'est pas le dynamisme de conscience naturel à l'Esprit; ce dynamisme naturel est le supramental, la lumière de la gnose. Si donc la vie doit devenir une manifestation de l'Esprit, c'est la manifestation en nous d'un être spirituel, et la vie divine d'une conscience rendue parfaite dans le pouvoir supramental ou gnostique de l'être spirituel qui doivent être l'intention de la Nature évolutive, le fruit secret qu'elle porte en elle.

Sri Aurobindo

Citation de Carl Jung 2

Une diminution de l'hypocrisie et un accroissement de la connaissance de soi-même ne peuvent avoir que de bons résultats sur le plan de la tolérance, car on n'est que trop disposé à reporter sur autrui le tort et la violence que l'on fait à sa propre nature.

Carl Jung
Psychologie de l'inconscient

jeudi 4 juin 2009

Inconscience

"Il y a des gens qui se contentent parfaitement de ne pas savoir, de ne pas comprendre, de ne pas se connaître eux-mêmes, et qui s'en moquent complètement. Ils sont tout à fait décontractés par rapport à cette ignorance. Or, cette ignorance est à l'origine de nombreuses difficultés. Par exemple, si vous pensez aux événements regrettables qui affectent le monde, vous pouvez vous demander s'ils ne sont pas en grande partie dus à l'incapacité des gens d'avoir une réponse objective (et par là je ne veux pas du tout dire détachée ou privée d'émotion, mais émotivement objective) aux situations réelles qu'ils rencontrent. Si vous pensez au racisme et à la xénophobie, ce sont des réactions émotives qui procèdent par projection: on sait très bien qu'elles ne survivent pas à la connaissance personnelle des gens que l'on hait ou que l'on méprise collectivement. Là, l'hypothèse des psychanalystes est probablement la bonne: on projette son propre côté le plus négatif sur l'autre groupe et on l'accuse de toutes sortes de choses dont on se sent soi-même confusément ou même inconsciemment coupable."

"(...) nos émotions, tout comme nos perceptions, peuvent nous tromper, et il faut apprendre à les connaître."

"En dépit d'un préjugé commun, la raison et l'émotion ne sont pas des ennemis naturels."

Ronald de Sousa

mercredi 3 juin 2009

Aux frontières de la connaissance

Extraits d'une entrevue de Carl Jung menée par l'écrivain suisse Georges Duplain, parue en 1959 dans la Gazette de Lausanne sous le titre "Aux frontières de la connaissance", en conclusion d'une série d'articles publiés par Duplain, qui traitaient du livre de Jung paru en 1958, Un mythe moderne.

"Ce qui est important, c’est d’exister; c’est plus rare qu’on ne croit. Avoir une tâche quotidienne et l’accomplir; à côté de cela être attentif à ce qui se passe, en dedans de soi comme au-dehors. Conscient de toutes formes de vie, de toutes ses expressions. Observer les grandes règles, mais aussi donner libre cours aux aspects les moins familiers de soi. Le dessin, et les fantaisies ou les phantasmes qu’il extériorisait étaient une chose précieuse. Maintenant on photographie, et ça ne répond pas du tout au même besoin. En revanche, les peintres ne connaissent pas de limites à la fantaisie la plus passionnée. Ils deviennent les spécialistes de certains besoins d’expression; mais ces besoins sont en chacun de nous; on ne peut pas diviser le travail intérieur de la personne comme on prétend diviser son activité extérieure. On la rompt dans son essence, et c’est une maladie psychique épouvantable. J’ai dit dans les pages sur les soucoupes (Un mythe moderne) pourquoi les hommes sont si attentifs à tout ce qui peut ressembler un cercle ou à une boule, symboles de l’unité, de la totalité de l’être, de ce que j’ai appelé le Soi. Il y a une famine spirituelle terrible dans notre monde… Mais il y a aussi toujours plus de gens qui ne veulent pas être nourris à la becquée, ni avec de la bouillie pour enfants…"


"Le thème principal abordé dans cette série d’articles est des plus étranges. Il concerne les apparitions bizarres et discutées de ces objets qui semblent se déplacer dans notre atmosphère. Certains envisagent que ces objets proviennent d’autres planètes. Il est extrêmement difficile d’obtenir des preuves fiables de leur existence objective, mais il n’y a pas moins de bonnes raisons de les examiner avec soin.

Car, que ces apparitions aient une réalité physique ou pas, elles sont de toute façon des réalités psychiques, ne serait-ce que pour avoir donné lieu à de copieuses discussions et tout une littérature. Même s’il n’y a rien de physiquement tangible dans ces phénomènes, la rumeur de l’existence de tels objets est un fait incontestable. Que ces rumeurs correspondent ou non à une réalité physique ne fait guère de différence pour le psychologue. Ce qui l’intéresse, lui, est de savoir pourquoi l’esprit humain crée de telles productions, parce que cela éclaire d’un jour particulier l’activité de notre inconscient. La rumeur elle-même est une source d’information extrêmement féconde, car nous y découvrons de nouveaux aspects de l’activité psychique inconsciente. Des expériences de ce genre sont particulièrement importantes parce que certains continuent à nier l’existence de la partie inconsciente de notre psyché, et même ceux qui l’admettent se trouvent dans la plus grande perplexité quand il s’agit de la comprendre. Le jaillissement universel de cette rumeur nous donne donc une occasion très propice de pénétrer plus profondément dans la nature toujours très controversée des phénomènes psychiques."

Carl Jung

L'attente

Mon âme est enfermée, quelle est la bonne clef? Que dire de l'attente!
J'ai attendu... Mon esprit a murmuré: "L'attente vaut mille mots".
Moi qui crois la connaître si bien, j'ai riposté: "Oui, l'attente vaut mille maux, mille souffrances.
" Mais, les secrets de mon esprit, j'essaie de les écouter, quand j'ai la chance de les entendre.

L'attente, ce vaste ennui, mille jours, mille nuits d'attente fébrile.
L'attente, mieux que l'ennui, quand même, puisqu'elle se nourrit d'espoir,
et l'espoir, quand il habille l'ennui, le pare de gouttes de pluie.
Il suffirait d'un soleil pour les faire briller et vibrer.
L'attente est riche de milliers de mots enfouis dans mon cerveau,
de milliers de joies cachées dans mon âme.

De l'attente naîtront mille possibilités, c'est l'espoir qui les fera germer.
L'attente est la terre d'où je surgirai, petit à petit, au fil de ma vie.


Michelle
1er mars 1983

mardi 2 juin 2009

La fontaine

"Bonjour, dit le petit prince.

Bonjour, dit le marchand."

C’était un marchand de pilules perfectionnées qui apaisent la soif. On en avale une par semaine et l’on n’éprouve plus le besoin de boire. "Pourquoi vends-tu ça ? dit le petit prince.

C’est une grosse économie de temps, dit le marchand. Les experts ont fait des calculs. On épargne cinquante-trois minutes par semaine.

Et que fait-on de ces cinquante-trois minutes ?


On en fait ce que l’on veut..."

"Moi, se dit le petit prince, si j’avais cinquante-trois minutes à dépenser, je marcherais tout doucement vers une fontaine..."


Antoine de Saint-Exupéry

Mes commentaires:

Nous cherchons des moyens rapides, faciles, pour apaiser notre soif... soif de vivre, soif de connaissance, soif de plénitude, etc... Mais c'est justement cette soif qui nous incite à entreprendre un cheminement, et un cheminement, ça se vit pas à pas; c'est ainsi qu'on s'enrichit intérieurement. Un escalier se monte marche après marche. Pour ma part, l'aiguillon qui m'a poussée à entreprendre ce long processus que Jung appelle le processus d'individuation, c'est la peur. Du plus loin que je me souvienne, j'ai toujours été "asticotée" par la peur: peur du futur, peur des autres, etc., ma plus grande peur étant... de toujours avoir peur. C'est pourquoi j'ai entrepris ce long voyage intérieur. Je lui dois une fière chandelle à la peur, je la remercie haut et fort; parce que sans elle, j'aurais passé à côté de la vie! Prenons une balance: sur un des plateaux, mes peurs, sur l'autre plateau, au départ, pas grand chose; et puis petit à petit se sont accumulées des découvertes, des joies, des relations amicales, des expériences... Un équilibre s'est construit. Contre la peur, je me suis bâti une confiance! Avoir soif... c'est ce qui nous amène pas à pas vers la fontaine!

Michelle



lundi 1 juin 2009

L'univers des fractales




"Une fractale est un objet mathématique. Les calculs fractals permettent d’obtenir des formes calculées à partir d’équations mathématiques complexes." Mon frère Gilles est un fractaliste talentueux. Ces deux images fractales ont été créées par lui. Vous pourrez en découvrir beaucoup d'autres en cliquant ici:


Benoît Mandelbrot a découvert cet univers immense et multidimensionnel qu'est celui des fractales. Voici une biographie de Mandelbrot sur Wikipedia:
http://fr.wikipedia.org/wiki/Beno%C3%AEt_Mandelbrot

Dans chacun des points d'une fractale, on retrouve l'image entière, et quand le fractaliste pénètre dans une fractale, aussi loin qu'il aille, le "paysage" ne devient jamais flou, au contraire, il se complexifie et reste très clair. Bien sûr, vous ne pourriez pas avoir une idée de cela en pénétrant dans ces images qui sont des reproductions, mais dans les fractales elles-mêmes. En cliquant sur ce lien, vous pouvez télécharger un petit logiciel qui est une entrée dans l'ensemble de Mandelbrot. Ça vous donnera une petite idée de la profondeur et de l'immensité de ce monde, dans lequel on pénètre toujours par cette figure qui ressemble un peu à un bouddha renversé sur le côté (figure qu'on retrouve partout dans cet ensemble): ¸

Un livre intéressant à ce sujet, et assez facile à comprendre pour le néophyte, dans une collection de poche, donc pas trop onéreux:
Je vous souhaite une agréable visite dans cet univers fascinant des fractales.
Michelle