mardi 23 juin 2009

Imperfection

"L'inconscient est toujours le cheveu sur la soupe, le défaut craintivement caché de la perfection, le démenti pénible de toutes les prétentions idéalistes, le reliquat terrestre qui adhère à notre nature humaine et trouble douloureusement la clarté de cristal à laquelle nous aspirons. Selon la conception alchimique, la rouille, comme le vert-de-gris, est la maladie du métal. Mais cette lèpre est en même temps la "vera prima materia", la base de la préparation de l'or philosophique. Le Rosarium dit à ce propos:

Notre or n'est pas l'or du vulgaire. Mais tu as questionné sur le vert (viriditas, probablement le vert-de-gris), pensant que le bronze était un corps lépreux, du fait de la verdeur qu'il a sur lui. C'est pourquoi je te déclare que s'il y a quelque chose de parfait dans le bronze, c'est ce vert et seulement lui, parce que ce vert est changé sur-le-champ par notre magistère en notre or le plus vrai.
La remarque paradoxale de Thalès, selon laquelle c'est la rouille seule qui donne sa vraie valeur à la pièce, est une espèce de paraphrase alchimique qui ne veut dire qu'une chose, en définitive, à savoir qu'il n'y a pas de lumière sans ombre et pas de totalité psychique sans imperfection. Pour son accomplissement, la vie n'a pas besoin de perfection mais de plénitude. Celle-ci inclut l'"écharde dans la chair", l'expérience douloureuse de l'imperfection sans laquelle il n'y a ni progression, ni ascension."
Carl Gustav Jung, "Psychologie et Alchimie"

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