Extrait de "La vie divine" de Sri Aurobindo
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La conscience et la vie doivent être la clef de ce qui est ... en voie d'accomplissement dans le Temps; car sans elles, la matière et le monde de la matière seraient un phénomène dépourvu de sens, quelque chose qui est arrivé juste par hasard ou par une nécessité inconsciente. Mais la conscience telle qu'elle est, la vie telle qu'elle est ne peuvent pas être le secret total; car toutes deux sont très clairement quelque chose d'inachevé, elles sont encore en voie de développement. En nous la conscience est le mental, et notre mental est ignorant et imparfait; c'est un pouvoir intermédiaire qui grandit et qui continue de grandir vers quelque chose au-delà de lui-même. Il y a eu des niveaux inférieurs de conscience qui sont apparus avant lui et d'où il s'est élevé; et il doit y avoir évidemment des niveaux supérieurs vers lesquels il s'élève à son tour. Avant notre mental, qui pense, raisonne et réfléchit, il y avait une conscience qui ne pensait pas, mais qui vivait et sentait; et avant elle, il y avait le subconscient et l'inconscient. Après nous, ou dans notre moi qui n'est pas encore apparu dans l'évolution, il doit y avoir probablement une plus grande conscience qui attend, lumineuse en soi et qui ne dépend pas de la pensée constructrice; notre mental pensant, imparfait et ignorant, n'est certainement pas le dernier mot de la conscience, son ultime possibilité. Car l'essence de la conscience est le pouvoir de se percevoir soi-même et de percevoir ses objets, et, dans sa vraie nature, ce pouvoir doit être direct, complet et s'accomplir spontanément. Si son action est en nous indirecte, incomplète, imparfaite, si elle dépend d'instruments qu'elle a construits, c'est parce que, ici-bas, la conscience émerge d'une inconscience originelle qui la voile, et qu'elle est encore enveloppée et alourdie par la nescience primordiale propre à l'inconscient; mais elle doit avoir le pouvoir d'émerger complètement. Sa destinée doit être d'évoluer jusqu'à sa propre perfection, qui est sa vraie nature. Sa vraie nature est d'être pleinement consciente de ses objets, et de ses objets le premier est le moi, l'être qui à travers l'évolution développe sa conscience ici-bas, et le reste est ce que nous percevons comme non-moi. Mais si l'existence est indivisible, ce non-moi aussi doit, en réalité, être le moi; dès lors, la destinée de la conscience en évolution doit être de devenir parfaitement consciente, entièrement consciente du moi et du tout. Cet état parfait et naturel de la conscience est pour nous une supraconscience, un état qui nous dépasse, et où notre mental, s'il y était soudainement transporté, ne pourrait pas tout d'abord fonctionner; mais c'est vers cette supraconscience que notre être conscient doit évoluer. Or cette évolution de notre conscience vers son sommet, la supraconscience, n'est possible que si l'inconscience qui est notre base ici-bas, est elle-même, en fait, une supraconscience involuée; car ce qui doit apparaître dans le devenir de la Réalité en nous, doit être déjà là, involué ou caché dans son commencement. Nous pouvons en effet concevoir que l'Inconscient est un Être ou un Pouvoir ainsi involué, quand nous observons attentivement cette création matérielle issue d'une énergie inconsciente et que nous voyons celle-ci mettre au jour par des constructions singulières et des artifices infinis, l'oeuvre d'une vaste Intelligence involuée, et quand nous voyons que nous-mêmes aussi, sommes quelque chose de cette Intelligence, quelque chose qui évolue hors de son involution, une conscience qui émerge et dont l'émergence ne peut s'arrêter court sur le chemin tant que ce qui est involué n'a pas évolué et ne s'est pas révélé comme une Intelligence suprême, totalement consciente d'elle-même et totalement consciente de tout. C'est à cela que nous avons donné le nom de Supramental ou Gnose. Car cela doit être évidemment la conscience de la Réalité, de l'Être, de l'Esprit qui est caché en nous et qui lentement se manifeste ici-bas. De cet Être nous sommes les devenirs et nous devons croître à sa ressemblance.Si la conscience est le secret central, la vie est l'indication extérieure, le pouvoir réalisateur de l'être dans la matière; car c'est elle qui libère la conscience et lui donne sa forme, la revêt de force et la traduit en acte dans la matière. Si une révélation de soi ou un accomplissement de soi dans la matière est le but ultime de l'Être qui évolue dans la naissance, la vie est le signe extérieur et dynamique, l'indice de cette révélation et de cet accomplissement. Mais la vie aussi, telle qu'elle est maintenant, est imparfaite et en cours d'évolution; elle évolue par la croissance de la conscience, de même que la conscience évolue par l'organisation et la perfection plus grandes de la vie - une plus vaste conscience signifie donc une vie plus vaste. L'homme, l'être mental, a une vie imparfaite parce que le mental n'est pas le premier ni le plus haut pouvoir de conscience de l'Être, et même si le mental était rendu parfait, il resterait encore quelque chose à réaliser, quelque chose qui n'est pas encore manifesté. Car ce qui est involué et qui émerge, n'est pas le mental mais l'Esprit, et le mental n'est pas le dynamisme de conscience naturel à l'Esprit; ce dynamisme naturel est le supramental, la lumière de la gnose. Si donc la vie doit devenir une manifestation de l'Esprit, c'est la manifestation en nous d'un être spirituel, et la vie divine d'une conscience rendue parfaite dans le pouvoir supramental ou gnostique de l'être spirituel qui doivent être l'intention de la Nature évolutive, le fruit secret qu'elle porte en elle.
Sri Aurobindo
Photo inédite du maître zurichois ?
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Quoi qu'il en soit, tirage original de 1960, quelques mois avant son grand
départ....une présence (raccompagnée), manifestement dans sa "tour" de
Bollin...
Il y a 5 semaines
Hmmm...peut-être, oui, mais c'est fou comme tout cela me donne envie de lire un petit, un tout petit haiku...;-)
RépondreSupprimerAmezeg
C'est super, et la première chose que j'ai fait, c'est de me rappeler qui j'étais en réalité '' un être divin créateur illimité, tout puissant et souverain, puis j'ai pris la décision d'aller sur le chemin de la nouvelle conscience divine et de plus être séparé car la séparation est la seule soufrance de l'humanité
RépondreSupprimerEncourageant ce niveau de supraconscience ! Pourvu qu'assez nombreux/nombreuses y arrivent pour faire une différence dans ce monde détraqué.
RépondreSupprimer■ paumier.