lundi 13 juillet 2009

Le fil d'Ariane - Les fantômes de mon passé


Pour vous faire comprendre ce qui m'a poussée à entreprendre un tel cheminement, voici des extraits de mes premiers textes, où je décris mes états d'âme et d'esprit. Ils ont été écrits en 1973 ou 1974; j'avais 22 ou 23 ans.

"J'ai peur du hasard, peur d'être surprise dans ma fragilité, je voudrais être invisible et n'avoir rien à faire avec la société." "Chaque action que je fais me paraît une montagne, comme chaque opinion que j'émets. Une discussion prend l'allure d'une bataille où je prends l'autre pour un ennemi qu'il me faut soumettre pour ne pas me sentir méprisée, et si je me sens vainqueur, j'ai pourtant le même sentiment."

"J'ai tellement toujours peur de faire une erreur, si petite soit-elle, que ma vie est jusqu'ici un échec complet, une éternelle recherche pour devenir parfaite. Comme si devenir parfaite pouvait m'attirer l'amitié et l'amour." "Je ressens une terreur intense que les adultes m'en veulent et me rejettent, constamment je suis en proie aux remords et à l'angoisse d'avoir choqué quelqu'un. Je me sais inhumaine, je me ressens comme un contenant sans contenu et qui doit constamment guetter ses réactions; au lieu de me laisser aller à mes impulsions, je me sens toujours en danger de ne pas correspondre à l'image que je veux donner de moi. J'ai peur toujours peur de faire du mal autour de moi et cette peur me met dans une situation tragique, je me sens comme une enfant, qui doit constamment faire taire ses instincts, ses impulsions, pour ne pas choquer ses parents." "A l'école, je me sentais transparente, comme si chacune de mes réactions intérieures, chacune de mes pensées, était visible de l'extérieur."

"Je voudrais parcourir les routes sombres de mon cerveau et déchiffrer les terres de ma pensée inquiète. J'aimerais y faire germer une volonté d'amour et sans regret brûler ce qui y traîne de déchets et de faux pantins qui me font défaillir."


Mais malgré tout il y a de l'espoir. Je vous ai parlé de mon rêve d'enfance.
http://le-chemin-au-dela.blogspot.com/2009/07/le-fil-dariane-debut-de-mon-aventure.html
Voici le poème que j'ai composé en 1974, inspiré par ce rêve.

Je l'ai un peu modifié en 1986, en vue de participer à un concours.

LA GRANDE AVENTURE

Laissant là mon passé et lui disant adieu,
je marche sans regrets vers une montagne obscure.
Je perçois dans cette masse une lueur fébrile,
qui m'attire en son sein comme vers un aimant.
Tournant le dos au nid qui m'a jadis gardée,
dont la chaleur m'a protégée, enveloppée,
j'enfonce dans la noirceur de mon âme inquiète.
J'y pressens des trésors de bonheur, et pourtant,
je prévois les dangers et la mort qui me guettent.
Car on ne peut franchir sans larmes ce lieu troublant,
ce lieu où j'entrevois des images oubliées,
où je dois m'enfoncer et où je veux surprendre
chacune de mes pensées dans son sombre repaire,
pour retracer la source et la raison première,
afin d'en ressentir intensément la peur,
aussi bien que l'espoir de revivre l'ardeur,
après ces faux délires qui s'emparent de moi
et qui m'empêchent ainsi de continuer mes pas
vers ce lieu de refuge où je vais concevoir
un enfant qui est moi, qui se reconnaîtra.
Je pars avec pour tout bagage un peu d'espoir,
et la certitude que demain sera moins noir,
si déjà je l'affronte malgré ma peur de moi,
et si dans les chemins obscurs de la montagne,
je peux garder toujours près de moi et en moi
l'amour du vrai, du moi vivant naturellement.
J'affronte sur mon chemin les puissances du passé,
je rampe dans les voies sans y voir, en tremblant,
mes yeux sont impuissants, le sentiment absent;
entre les découvertes, mon désespoir afflue,
mais je monterai sans cesse jusqu'au cratère,
et poussée par le feu de mon attente brûlante,
de mes angoisses, de mon espoir et de ma peur,
sans lancer un regard aux trésors découverts,
afin d'être moi-même enfin j'émergerai,
le coeur toujours brûlant et les yeux bien ouverts,
entourée d'herbe tendre et d'un lit de lumière,
en haut de la montagne et tout près du soleil.
Renaître un jour enfin après ce long exil!
Je pourrai exister, danser, vivre et chanter,
crier sans fausse honte, crier ma joie d'aimer.

Michelle

3 commentaires:

  1. "Je voudrais parcourir les routes sombres de mon cerveau et déchiffrer les terres de ma pensée inquiète. J'aimerais y faire germer une volonté d'amour et sans regret brûler ce qui y traîne de déchets et de faux pantins qui me font défaillir."

    Il y avait déjà dans ce paragraphe tout le travail que tu as fait sur toi-même, avec patience, opiniâtreté et succès. Bravo Michelle ! :-)

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