dimanche 14 juin 2009

L'altruisme, c'est bon pour la santé

Extraits du livre "La voie c'est... les autres", de Jacques Languirand (Par 4 chemins, spécial Thématique)
Editions de Mortagne, 1990

"On peut affirmer aujourd'hui qu'il a été démontré hors de tout doute que les personnes qui s'emploient à rendre service aux autres, par exemple dans les organisations communautaires, sont en général moins sujettes à la maladie et vivraient plus vieilles... et plus heureuses!

L'effet bénéfique de l'altruisme n'est pourtant pas pour nous surprendre. De tout temps on a observé que pendant les épidémies, ceux qui s'occupent des autres paraissent augmenter leurs chances de n'être pas eux-mêmes atteints par le mal. Il est rare en effet que les médecins, les infirmières, les intervenants en général... soient parmi les victimes. On trouve des exceptions, bien sûr, mais tout porte à croire que, dans de telles circonstances, plus on s'occupe des autres moins il y aurait de risque pour soi. On attribuait dans le passé ce phénomène à l'effet magique, religieux, surnaturel du service aux autres, considéré comme une grâce d'état. Mais on est aujourd'hui en mesure d'en proposer une explication plus satisfaisante du point de vue scientifique. Des recherches récentes montrent que les attitudes et les comportements altruistes se traduisent en fait par un fonctionnement neurohormonal optimal qui aurait pour effet de renforcer le système immunitaire et, en général, de favoriser un meilleur fonctionnement de l'organisme. Voici le résultat sommaire de certaines de ces recherches:

Le Centre d'étude et de recherche de l'université du Michigan a suivi pendant quatorze ans plus de 2,700 habitants de la ville de Tecumseh, afin de savoir si les relations sociales avaient une incidence sur les taux de mortalité. Or, pour la période étudiée, le taux de mortalité était deux fois et demie plus élevé chez les personnes qui n'entretenaient pas de relations sociales suivies.

Un groupe d'épidémiologistes de l'université Yale, au Connecticut, et de l'université de Berkeley, en Californie, ont étudié sur une période de neuf ans plus de 7,000 habitants du comté d'Alameda. Ils ont observé que les personnes vivant seules, ayant peu de parents ou d'amis et fuyant les activités communautaires, avaient un taux de mortalité au moins deux fois plus élevé, indépendamment de la race, des revenus ou du mode de vie.

Des chercheurs ont aussi tenté de déterminer ce qui peut faire d'une vie sociale active un facteur de santé et de mieux-être. Ils en ont découvert l'effet bénéfique sur le fonctionnement neurohormonal, par la stimulation en particulier de l'endorphine, analgésique naturel du cerveau. (Le pionnier de la recherche sur le stress, Hans Selye, pensait déjà dans les années cinquante que l'affection, la chaleur des liens qui se créent avec les gens que l'on aide avaient pour effet de diminuer les tensions.)

En conclusion, il ressort de ces recherches que si le sentiment d'interdépendance de l'animal social que nous sommes se traduit par le service aux autres et une participation au plan social, que ce soit par une activité communautaire ou une relation d'aide et de soutien, cette démarche aura des effets bénéfiques sur la santé physique et psychique.

Le service aux autres ou la participation sociale a non seulement pour effet de réduire les tensions occasionnées par le stress et de diminuer l'angoisse, par le simple fait de détourner de soi une attention souvent névrotique, mais aussi d'alimenter l'estime de soi et de renforcer l'identité.

Je dois préciser ici que des recherches ont toutefois montré que les dons d'argent n'ont pas d'effet positif sur le fonctionnement de l'organisme... Je ne dis pas qu'il faille pour autant renoncer à cette forme de générosité! Elle n'est certes pas sans effet sur d'autres plans. Mais il demeure que le contact humain est nécessaire, indispensable même, pour que l'effet positif de l'altruisme sur l'organisme soit ressenti."

Jacques Languirand

P.S. M. Languirand démontre aussi que les attitudes d'hostilité et de cynisme, au contraire, représentent un facteur de risque non seulement de maladies cardio-vasculaires mais aussi de différents états pathologiques comme le cancer. "Le Dr Redford Williams (spécialiste en médecine du comportement au Centre médical de l'université Duke) fait état de deux études qui montrent que ces états d'âme négatifs augmentent de quatre à sept fois les risques d'accidents cardio-vasculaires. Une attitude hostile ou cynique est finalement aussi mauvaise pour le coeur qu'un taux de cholestérol ou une tension artérielle élevés. Les êtres irritables, agressifs, critiques, dogmatiques, méfiants seraient en général plus sujets à des difficultés d'ordre cardio-vasculaires. Parmi les facteurs de troubles cardio-vasculaires: tabac, cholestérol, alcool, etc., le facteur psychique qu'il appelle le facteur L représente même, selon le Dr Williams, une augmentation du risque de l'ordre de 40%."

3 commentaires:

  1. Très très beau .
    Et cela me fait penser à la mairie de Cannes qui conseille à ses ouailles de ne pas donner aux SDF dans la rue , mais de donner aux associations qui s'occupent d'eux . Donc non seulement cette manœuvre est abjecte, mais en plus elle prive les gens d'une possibilité de développer en eux la générosité ( au contact direct avec l'humain).

    merci!

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  2. Il est 23h 50mn, j'ai parcouru les premières pages par curiosité sans y aller en profondeur à cause du temps dont je dispose. J'y retournerai sans faute et bien souvent eu égard
    à la qualité du travail accompli. Très bonne impression. Merci !
    LE 28 SEPTEMBRE 2009 à 23:50

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  3. L'animal social a donc besoin d'entrer en contact de façon significative avec l'autre pour être au mieux. Avec sa générosité, son affection, sa douceur, etc. Très intéressant !
    ■ paumier.

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