J'ai écrit ce poème en 1983. Il exprime bien ce que je ressentais durant cette étape intéressante mais difficile. Pour changer, il faut prendre conscience, donc arrêter de s'illusionner sur soi-même, et de projeter sur les autres et sur le monde son propre malaise. Accepter de se voir parfois dans sa petitesse, ou dans son orgueil, et l'assumer. C'est ce qui m'arrivait alors. Je n'arrivais pas à me sentir à l'aise avec mon entourage, soit je me sentais au-dessus, soit je me sentais en-dessous. J'ai beaucoup travaillé sur ce dilemme qui m'habitait, et j'en suis venue à bout, juste en mettant le doigt dessus franchement, en le vivant intérieurement:
Je veux trouver mon vrai soleil!
Dans ma noirceur, je cherche anxieusement l'ouverture.
Parfois, comme dans un rêve, je me dirige vers un fugace bonheur,
que je ne peux conserver, il m'échappe,
parce que c'est un faux bonheur bâti sur l'espoir de m'en sortir,
de sauver ma tête et mon coeur.
Je n'ai pas de vrai désir,
je ressens trop de peur pour me laisser être sans demander plus.
Je ne me donne pas le droit de me laisser aller.
Désemparée, vidée, centrée sur moi-même,
ou plutôt sur ma douleur de ne pas vraiment vivre,
de jouer à être bien, jouer à vivre.
Caricature de soleil.
Je ris. En-dedans, j'ai peur.
Je taquine, je mime la paix, j'essaie de mimer la vie.
Mais la vraie vie n'est pas cette marionnette
qui fait semblant de vivre, alors qu'elle est inerte et vide.
La vraie vie veut éclore, c'est elle qui me fait voir et entendre ma peur.
C'est elle qui me harcèle, me déchire, me montre sans pitié
que je me trompe de chemin,
que cette nourriture, ces fantasmes, ces faux soleils
ne peuvent que m'empoisonner.
La vraie vie pousse sans relâche, elle veut surgir,
elle veut sortir de terre, s'épanouir aux rayons du soleil.
Et je souffre, puisque je ne veux plus me nourrir d'illusions,
puisque je ne peux plus vivre ainsi,
et que je n'ai pas appris à vivre autrement.
Je n'ai pas appris à me délivrer de ma peur des autres,
comment alors puis-je les aimer, les voir comme ils sont!
Déchirement intérieur, que les hommes appellent folie!
Ces hommes ne savent pas qu'il existe une vraie vie
et que la route qui y conduit passe souvent par la souffrance,
puisqu'on ne peut l'atteindre sans laisser tomber les masques,
les façades, les miroirs truqués, qui ne montrent pas notre vrai visage,
mais qui nous flattent, nous endorment dans une facilité toute en surface.
Ils nomment folie cette poussée de vraie Vie qui nous tord,
nous écrase, nous fait crever de peur,
pour qu'on n'ait plus qu'un seul désir,
atteindre la vérité qui crie au fond de nous,
parce qu'elle meurt d'envie de vivre,
de s'épanouir sous la chaude caresse du soleil vivant,
que les hommes appellent Dieu.
Michelle
22 mars 1983
Photo inédite du maître zurichois ?
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Quoi qu'il en soit, tirage original de 1960, quelques mois avant son grand
départ....une présence (raccompagnée), manifestement dans sa "tour" de
Bollin...
Il y a 5 semaines
Je ne saisis pas tout mais je suis touché par ton poème !
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