samedi 19 février 2011

Cogitations dans l'athanor


Depuis le début de cette année, plusieurs images et paroles me sont venues à l'esprit qui méritent que je vous en parle ici.

Le 11 janvier, j'entends "1000 traitements" et je vois un liquide rouge. - On m'offre de me dire ce qu'on pense de chacun des enfants. (Je sens que ces enfants font partie de moi.) Un garçon d'environ 10 ans se retourne face à moi. Les autres me tournent le dos. Ce garçon a un très grand visage rond, lunaire, blafard, avec une tache plus foncée, rougeâtre et il est chauve. (L'analogie de son visage avec la lune est frappante).

Le 14 janvier, j'entends: "Cette décoloration est à elle seule ce que j'ai de plus précieux." Ça me fait penser à la teinture en alchimie. Faut-il être décoloré d'abord pour pouvoir être teint par la suite? La décoloration me fait penser à la peur. Et à l'oeuvre au blanc, la phase où on doit comme la lune réfléchir.

Durant cette période, il m'arrive des synchronicités à propos de la couleur rouge. Je me vois contrainte d'utiliser une serviette rouge que j'avais mise de côté ... et puis je l'adopte, elle est tellement confortable. Je cherche un élastique, ne le trouvant pas, j'en déniche un rouge. (Après j'en trouve deux verts là où j'avais pourtant bien cherché). Je vois de nouveaux panneaux à la station de métro Berri, station centrale dont les murs sont en reconstruction. Plusieurs sont rouges. André me raconte un souvenir d'enfance. Il habitait dans une immense bâtisse chez son grand-père, il y avait un magasin général, des logements, un hangar pour la farine, un pour des cercueils, etc. Et son père gardait les clés sur un bâton rouge qu'il tenait loin de la portée des enfants. Quand cette bâtisse est passée au feu plusieurs années plus tard, André a passé beaucoup de temps à chercher en vain, parmi les débris, ce fameux bâton rouge qui le faisait rêver quand il était petit, qui permettait d’ouvrir toutes les portes!
Le 23 janvier, j'entends "Machine Chevrolet" (les québécois dans les années 50 disaient souvent "machine" au lieu du mot "automobile") - Image du 5 février: Une grosse automobile ancienne de couleur neutre (grise?) s'arrête. Aussitôt arrêtée, elle devient rouge pailletée de petits points brillants. (Ceci corrobore ce que j’ai pensé au sujet de la décoloration qui précède la teinture). (La Chevrolet Station Wagon 1950 ressemblait à cette automobile que j'ai vue et elle est à peu près de la même "cuvée" que moi: je suis née en février 1951).

Image du 22 janvier: Une femme debout juste à côté de la maison où j'habite, ses bras derrière elle, elle a les mains jointes autour d'un espace vide. Son visage et son esprit sont tendus vers quelque chose qui est plus haut et à quelques pieds devant elle. Ce qu’elle regarde est abstrait, je sais que ça représente le 3D, qui la fascine. Une voix dit: "Elle va venir." J'ai beaucoup repensé à cette image. Cette femme a les mains occupées à tenir du vide - scénarios qui occupent mon mental et qui ne riment à rien - ce qui l'empêche d'agir dans la réalité. - Mains: agissements - La peur retarde ou bloque ses actions. Elle est fascinée par le 3D, l’imaginaire induit par la lecture, films ou photos en 3D, qui ressemblent à la vie mais restent des spectacles. Ce sont les deux pôles de l'inaction. La vraie vie, elle est autour d'elle, dans notre réalité physique!

Image du 6 février: Différentes étapes sont nommées par écrit, accompagnées de petits dessins. Une suite qui se termine par un cercle, et sous le cercle est inscrit: Whole man (homme total). Seule cette dernière étape est montrée clairement, tout le reste est vague.
Je mets en parallèle ce cercle exprimant la totalité avec l'espace vide entre les mains et dans le dos de la femme, qui a un contour indéfini. Du rien au tout, il y a tout un monde!

Sur le même thème, j’ai réfléchi sur deux personnages de la télé qui m’interpellent : Mr Monk et Dr House. L’un pétri de peurs et l’autre qui fait peur, les deux dotés d’un brillant esprit de déduction. J’ai dialogué un peu avec eux par écrit. Mes cogitations m’ont amenée à réaliser que mes scénarios, qui tournent toujours autour de la peur, incluent aussi le pôle inverse, forcément. Donc, ce qui me fait peur fait autant partie de moi que la peur elle-même. Voici pour terminer un petit bout de mon dialogue avec Dr House :

House : Qu’est-ce que tu viens chercher en parlant avec moi?

Moi : J’essaie de comprendre, de dépasser la peur. Et son pendant obligé, CE qui me fait peur et qui est aussi en moi puisque c’est une peur irrationnelle, sans réel objet. Les « si » et les « ? » de tout ce qui est en-dehors de ma routine. Tout ça, tous les (.....) me font peur. Peut-être que ton émission permet pour un court moment d’insérer quelque chose à l’intérieur de ces parenthèses, en l’occurrence TOI et tes odieux comportements!

House : Oh Dieu?

Moi : Ah tu es terrible Grégory, terrible!

House : Ah ah! Tout le plaisir est pour moi… et la peur pour les autres, pour toi! Au revoir petite Michelle toute secouée de faux vents, de faux périls, de faux tourments. Petite Michelle forte pourtant malgré ces forts vents. Persiste! Persiste! De toutes façons, comme le disent beaucoup de gens à qui on demande : « Comment ça va? » - « Ça va, on n’a pas le choix! » - Let it be!

Pardonnez-moi la longueur de cet article, à la prochaine,

Michelle
19 février 2011

14 commentaires:

  1. Ce riche dessin m'inspire cette lecture qui ne vaut que ce qu'elle vaut :
    La vie végétative (le vert) a émergé des eaux primordiales infinies : c'est l'incarnation dans une forme limitée (finie). La clameur (! exclamation) de la vie qui est née devient interrogation (?), l'être humain est une question posée à lui-même * : que suis-je - qui suis-je en ce monde ?
    La vie végétative est nécessaire à l'existence de la corne d'abondance-athanor qui en est une sorte de précieuse ramification dorée, une matrice où mûrissent peu à peu les graines de conscience : l'œil ouvert en témoigne.
    L'être incarné qui se tient debout sur cette terre est relié à l'être né de cette ouverture (qui est une part d'humanité "supplémentaire") et lui donne de prendre pied en ce monde à travers lui, lui donne de s'incarner dans sa propre personne. Ils sont dans un échange qui va sans doute s'intensifiant et s'élargissant avec le temps. L'être incarné est rouge comme le sang (comme la vie), un rouge "paisible", comme l'Amour sans doute…?

    * Cette question semble être aussi la question que La Nature se pose à elle-même par le truchement de chaque créature humaine dotée de conscience, car la ligne pointillée qui relie l'exclamation à l'interrogation part des eaux infinies puis y revient, en traversant apparemment la matrice de concience, y constituant même, peut-être, les points-graines de conscience (en cercle).

    Amezeg

    P.S. Tout cela peut-il avoir un rapport avec Dr house et avec une peur irrationnelle…?? :-)

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  2. Tu me poses une colle, Amezeg!!! Hi, hi! As-tu remarqué au centre entre les deux personnages, il y a une ouverture par où se glissent des doigts, comme si tout ça était la palette d'un peintre peut-être! Je n'ai jamais compris réellement ce dessin, j'y ai juste vu un antagonisme entre deux personnages contraires, ou leur complétude (ou les deux).
    Merci Amezeg, je vais repenser à ton commentaire!
    Michelle

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  3. Eh bien, Michelle, je n'avais pas grossi suffisamment le dessin pour voir que c'était des doigts dans une ouverture, merci pour le coup de…pouce !
    Alors, sans trop réfléchir, je dirais que tout est dans La Main de Dieu, que tout est Son…"Dessein", qu'il est bon de le reconnaître et de se remettre entre ses mains, "dans la crainte et le tremblement" *, jusqu'à un certain point, mais sans peur irrationnelle excessive.

    * Yi King - 51. Tchen / L'Éveilleur, l'Ébranlement, le Tonnerre :
    "Le Jugement : L'ébranlement produit par la manifestation de Dieu à l'intérieur de la terre fait naître la crainte de l'homme, mais cette crainte de Dieu est chose bonne, car elle permet à l'allégresse intérieure et à la joie de lui succéder.

    L'Image : Tonnerre continu : Image de L'ÉBRANLEMENT.
    Ainsi l'homme noble, dans la crainte et le tremblement, rectifie sa vie et s'examine lui-même.
    Le tonnerre continu, par la commotion qu'il cause, amène avec lui la crainte et le tremblement. Ainsi l'homme noble observe toujours une attitude de révérence devant la manifestation de Dieu; il met de l'ordre dans sa vie et examine on cœur pour voir si rien ne s'y oppose secrètement à la volonté divine. Ainsi la crainte est le fondement du véritable art de vivre."
    http://wengu.tartarie.com/wg/wengu.php?lang=fr&l=Yijing&no=51

    Amezeg :-)

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  4. Et cet hexagramme est le No 51, année de ma naissance. Juste avant ma naissance, il y a eu une grosse tempête de neige, d'ailleurs.

    Merci Amezeg, de me rappeler cet hexagramme!
    Il est bien approprié!

    Michelle

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  5. Ce billet est en parfaite résonance avec le précédent. Merci de nous offrir ce partage personnel, je n'aurais pas l'impudence de prêter la moindre interprétation. Mais il semble indéniable que tu sois à un point de jonction dans ton chemin.
    Je viens de lire un livre sur le Moi et sa construction...le changement profond est pour lui un ébranlement effrayant car détruisant ses fondations originelles.
    A bientot
    Jean

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  6. A Jean,
    Ma première idée était d'ailleurs de présenter l'extrait de la lettre de Jung à M. Martin dans le même article que mes cogitations,
    mais à mesure qu'il s'y ajoutait des éléments, l'article aurait été trop long. Et d'ailleurs je me suis dit qu'il était prématuré à l'étape actuelle de prétendre arriver à cette résolution, sur cette problématique qui me suit depuis ma tendre enfance. D'ailleurs c'est la peur qui a initié mon cheminement.
    Merci pour ton commentaire,
    Mes amitiés,
    Michelle

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  7. "La vraie vie, elle est autour d'elle, dans notre réalité physique!" dis-tu, Michelle.
    On comprend bien, dans le contexte, que cela s'oppose à l'inaction improductive du simple spectateur de la vie. Mais, par ailleurs, le point de vue selon lequel "la vraie vie" est celle de la réalité physique est très largement répandu or, on peut parfois se demander si "la vraie vie", pour l'être humain, n'est pas davantage encore celle de la réalité psychique. Jung l'a affirmé plus d'une fois, la réalité psychique est fondamentale et nul ne sait ce qui existe en dehors d'elle, le monde existe-t-il en dehors de l'observateur qui le perçoit et en a conscience*. Cela rapppelle également les personnalités n° 1 et n°2 de C.G.Jung et, bien sûr, le rôle de la fonction transcendante dans l'union de ces deux opposés.
    Il est certainement troublant, voire angoissant, pour telle ou telle personne de percevoir davantage la réalité du point de vue du n°2, tandis que son entourage, par exemple, la perçoit du point de vue du n° 1 ; et cela peut amener une personne à s'engager, comme l'a fait Jung, sur un chemin de connaissance de soi (et du monde)

    * À long billet, long commentaire… ;-)
    Voici un extrait tiré de "Ma vie" de C.G.Jung, chapitre Voyages – Kenya et Ouganda (éditions Gallimard 1973) :
    "….c'était le silence du commencement éternel, le monde comme il avait toujours été dans l'état de non-être; car jusqu'à une époque toute récente personne n'était là pour savoir que c'était « ce monde ». Je m'éloignai de mes compagnons jusqu'à les perdre de vue. J'avais le sentiment d'être tout à fait seul. J'étais alors le premier homme qui savait que cela était le monde, et qui par sa connaissance venait seulement de le créer réellement.
    C'est ici qu'avec une éblouissante clarté, m'apparut la valeur cosmique de la conscience : Quod natura relinquit imperfectum, ars perficit (« Ce que la nature laisse incomplet, l'art le parfait »), est-il dit dans l'alchimie. L'homme, moi, en un acte invisible de création, ai mené le monde à son accomplissement en lui conférant existence objective. On a attribué cet acte au seul créateur, sans prendre garde que, ce faisant, on ravale la vie et l'être, y compris l'âme humaine, à n'être qu'une machine calculée dans ses moindres détails qui continue sur sa lancée, dénuée de sens, en se conformant à des règles connues d'avance et prédéterminées. Dans la désolation d'un tel mécanisme d'horlogerie, il n'y a plus de drame de l'homme, du monde et de Dieu; plus de « jour nouveau » qui mènerait à des « rives nouvelles », mais simplement le désert de processus calculés d'avance……, et je savais en outre que l'homme est indispensable à la perfection de la création, que, plus encore, il est lui-même le second créateur du monde; l'homme lui donne pour la première fois l'être objectif — sans lequel, jamais entendu, jamais vu, dévorant silencieusement, enfantant, mourant, hochant la tête pendant des centaines de millions d'années, le monde se déroulerait dans la nuit la plus profonde du non-être pour atteindre une fin indéterminée. La conscience humaine, la première, a créé l'existence objective et la signification et c'est ainsi que l'homme a trouvé sa place indispensable dans le grand processus de l'être."

    Amezeg

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  8. Merci pour ton long commentaire, Amezeg. Bien sûr quand je parlais de la vie réelle, c'était en parallèle avec les scénarios de la folle du logis, et les productions de l'homme: livres, cinéma. Je suis bien trop introvertie pour penser que le plus important est le monde physique, en comparaison avec le monde subjectif. Qui plus est, je pense que notre monde physique est entouré de mondes invisibles et de dimensions que nous ignorons.
    Cependant, j'aimerais bien évoluer plus à l'aise dans notre dimension physique. Et arrêter d'imaginer la vie au lieu de la vivre, de l'imaginer différente et souvent pire qu'elle est. Mais tu avais déjà compris, j'en suis certaine! Merci beaucoup pour cet extrait de "Ma vie", ce trésor de livre!
    Amicalement,
    Michelle

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  9. A bien y penser et pour conclure, je souhaite être branchée plus en continuité sur la vie réelle, que ce soit celle du dehors ou celle du dedans. Merci Amezeg, tu m'aides à aller un peu plus loin dans ma réflexion!
    Michelle

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  10. J'irais même jusqu'à dire que puisque cette femme fait partie de ma vie subjective (c'est une image psychique), le monde "réel" dans lequel elle évolue est aussi bien mon espace intérieur que mon espace extérieur. Hi, hi!
    Michelle

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  11. Oui Michelle, il est évident, pour qui te lit et te connait un peu, que la réalité physique n'a pas plus d'importance pour toi que n'en a la réalité psychique !! , mais le sujet m'intéresse et j'ai saisi l'occasion pour me laisser aller à cet intérêt, un peu abusivement peut-être…
    J'espère n'avoir pas pris trop de place sur Le chemin au-delà et aussi, peut-être, donner envie de lire ou de relire "Ma vie " à tel ou tel visiteur de passage…(à moi, par exemple !)

    Merci à toi de m'avoir permis de méditer un peu la question de l'engagement au dehors et au dedans…

    Amicalement,
    Amezeg

    P.S. Ta dernière remarque est bien intéressante ! Irions-nous jusqu'à dire qu'il n'y a deux espaces bien séparés qu'aussi longtemps que nous "le souhaitons", qu'aussi longtemps qu'ils nous sont nécessaires puis, qu'une certaine perméabilité les fait communiquer lorsque la fonction transcendante a jeté suffisamment de ponts entre ces deux espaces ? Ha ha ! Ho ho !

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  12. Bonjour Michelle,

    Tu parles de la couleur "rouge" qui te poursuit et revient sans cesse...
    Or, Nout, dans son blog "L'éveil" a récemment publié quatre ou cinq articles - très détaillés et très complets - sur le symbolisme de cette couleur (voir à droite du blog sous le titre "Voie du rouge").
    Je pense que ça pourrait t'intéresser !

    http://leveildenout.canalblog.com/archives/2011/01/29/20251360.html

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  13. Au cours de l'entretien que l'on peut voir ici : http://www.youtube.com/watch?v=d8RISsYQh_w&feature=related ,
    Marie Louise von Franz rappelle que pour Jung, les évènements intérieurs tels que les visions ou les rêves étaient LA Réalité, étaient une réalité aussi réelle que que ce que nous appelons la réalité extérieure : "…..for him ( Jung) inner reality like visions or dreams were THE Reality, they were a reality as real as what we call the outer reality…." ]

    Amezeg

    http://www.youtube.com/watch v=d8RISsYQh_w&feature=related

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  14. Très intéressants ces "rêves, visions et imagination". Le cher Carl Gustav doit murmurer dans tes rêves. Amitiés.

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