"Je n'essaie nullement, en tant que psychothérapeute, de délivrer les patients de la peur. Je les mène jusqu'au fondement de leur peur, là où apparaît clairement sa raison d'être. Si mon patient comprend le langage religieux, je lui dis: N'essaie pas de te dérober à cette peur que Dieu t'a donnée, mais essaie de la supporter jusqu'à ses dernières extrémités. Je sais avec une certitude scientifique que mon patient n'a pas inventé sa peur, qu'elle est suspendue au-dessus de lui. Par qui ou par quoi? Par l'inconnu. Le religieux appelle cet absconditum Dieu; l'intellect scientifique le nomme inconscient."
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Extraits du livre "Le Te de Porcinet" de Benjamin Hoff
"Les impressions désagréables naissent de l'illusion: ainsi, la peur naît de ce qui pourrait arriver (et qui ne s'est pas encore produit); la tristesse de ce qui aurait pu arriver (ce qui ne signifie pas nécessairement: ce qui a pu arriver); et ainsi de suite. Les Porcinets, qui vivent dans la hantise de ce qui va venir, de ce qui ne va pas fonctionner normalement, ou de ce qui risque de se passer s'ils font quelque chose d'insensé, ne peuvent pas agir de façon efficace ni profiter du moment présent. Après coup, en repensant aux événements, ils réalisent qu'ils ne les ont pas vécus pleinement. Et prendre conscience de cela les rend encore plus inadaptés qu'ils ne l'étaient auparavant. Cependant, en raison de leur sensibilité, de leur puissante faculté à mémoriser et à classer les expériences, de leur prudence et de leur inclination naturelle à avancer pas à pas, les Porcinets - bien plus que les Bourriquets, les Tigrous, les Cocos Lapin et les Maîtres Hibou - sont à même de relever les défis et d'accomplir l'impossible, une fois les illusions importunes dissipées."
"A tous égards, Porcinet apparaît comme le plus insignifiant des personnages de Pooh. Toutefois, il est le seul parmi eux à se transformer, à grandir, à devenir plus important qu'il ne l'était au départ. Et à la fin, il occupe la place qui lui revient, non en refusant d'admettre sa petitesse, mais en l'utilisant pour le bien des autres. Il accomplit ce qu'il a à accomplir sans accroître son ego; à l'intérieur, il reste un Tout Petit Animal - même s'il devient un tout Petit Animal d'un autre genre. Dans l'immédiat, cependant, il continue d'hésiter et de rêver."
"Te n'est pas comme le suggère le mot "vertu", qui lui correspond en français, une sorte de comportement ou de qualité convenant pour tout - quelque chose qui serait par essence la même quelle que soit la personne qui la possède. Non, c'est au contraire quelque chose ayant une valeur, une force spirituelle ou un potentiel secret unique chez chaque individu - une qualité qui émane de la nature intérieure des choses."
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"L'important avec les problèmes est ce que nous en faisons."
Et la peur est un problème de taille. Mais grâce à la peur, j'ai entrepris un long périple intérieur. Elle est encore bien présente. Je ne lui en veux pas. Elle m'a incitée à me rencontrer, à me regarder en face, à grandir ... toujours dans l'espoir de lui échapper! Elle m'a même permis, paradoxalement, d'atteindre une certaine sérénité. J'apprécie tous les petits messages qui jalonnent ma vie. Peureuse mais heureuse je suis!
Michelle
Bonjour Michelle,
RépondreSupprimerFaut-il proposer l’abandon lucide à « ce qui est » comme remède à la peur existentielle et comme chemin de la sérénité ? Découvrir le fondement de sa peur, comme le recommande Jung, conduit peut-être à cet abandon lucide... ou est-ce la réciproque qui est vraie ? Ou les deux sont-ils étroitement liés ?
Amezeg
Bonjour Amezeg,
RépondreSupprimerL'abandon lucide a ce qui est, à ce qui vient, à ce qui passe. Abandon lucide, c'est presque un oxymoron à première vue. Ouvrir son esprit à ce qui se présente sur le chemin naturellement. Dernièrement, j'ai lu "Les vilains petits canards" de Boris Cyrulnik. J'y ai trouvé beaucoup de matière a réflexion, justement à propos de la source de ma peur. Le jeune enfant découvre qu'il y a un monde invisible, intérieur, chez sa maman, son papa. Ça le fascine et l'effraie en même temps quand il tente d'entrer en contact ... Papa était un homme tourmenté, anxieux, et donc imprévisible. Et Dieu sait combien l'empreinte d'un papa dans l'esprit d'une fille est importante: l'animus. Voilà ce sur quoi je cogite en ce moment.
J'y reviendrai sûrement!
Merci beaucoup Amezeg, je t'embrasse,
Michelle
je suis touchée Michéle , de vous comptez comme menbre de mon blog
RépondreSupprimerj'ai apprécié vos retours
ainsi nous savons que la voie , le chemin comme sa trace pour que nous nous y croisions
je vous embrasse à très bientôt
je découvre à l'instant
Bonjour tous,
RépondreSupprimerL'abandon lucide ne peut exister sans confiance...dans une démarche constructive, j'entends. Et il me semble que cette confiance se niche tout au fond, dans le travail sur soi, la confrontation avec sa peur, qui dévoile peu à peu la présence du Soi.
On pourrait dire ainsi que les peurs offrent une voie...
Amitiés,
Jean
Bonjour Jean,
RépondreSupprimerQuand le lien s'affermit avec le Soi, grandit en même temps la confiance, au fil du temps. C'est un allié on ne peut plus fidèle, au regard impartial mais sans jugement.
Merci pour ta visite et ton grain de sel,
Michelle
Merci de me faire découvrir qu'il existe des interprétations profondes de Winnie-the-Pooh, que j'ai découvert (en anglais) vers 20 ans, et qui m'a paru être une formidable initiation pour les enfants, sans équivalent en français.
RépondreSupprimerIl y a évidemment les traductions, mais Porcinet sonne très mal quand on connaît Piglet, et les illustrations de Shepard sont un complément essentiel au texte de Milne, ne parlons pas de Disney.
Très belle page Michelle! La peur nous met en mouvement davantage que la béatitude et possiblement autant que l'audace ou l'intrépidité.
RépondreSupprimerJe vis encore parce que j'étais peureux. La peur est donc une partie de moi que je ne renierai jamais.