28 juin 1958 (Carl Jung avait alors 82 ans)
A Mme R.,
Suisse
"Chère Madame,
Si vous pensez qu'une expérience de la totalité (ein Erlebnis dei Ganzheit) équivaut à une "irruption dynamique de l'inconscient collectif", vous êtes indiscutablement dans l'erreur. L'expérience de la totalité est au contraire une occasion tout à fait simple de se sentir en accord avec l'intérieur et avec l'extérieur. Si vous arrivez à une telle simplicité, vous ne vous laissez plus perturber par les comportements désagréables de votre fils en famille ou par le fait d'avoir perdu votre "partition". Vos racines ne se trouvent pas dans cette partition, et vous n'êtes pas non plus votre fils, lequel doit vivre et vivra sa propre vie, même si votre participation à sa vie vous accroche à lui. Tout ce qui s'impose doit être vécu, si du moins vous voulez trouver votre propre position et supporter ce qui se présente sans rechigner. Il vous faut toujours vous dire: les choses sont ainsi, et je n'y peux rien. Tout ce qui se produit ou doit se produire arrive sans que vous y soyez pour quelque chose, et vous n'avez qu'à soutenir votre propre existence pour traverser les obscurités de l'existence humaine. Une participation trop forte à l'extérieur et une conception trop dynamique de l'intérieur relèvent en fait de votre désir, de vos intentions et de votre volonté, que vous devriez tenir un peu à l'arrière-plan au profit de ce qui vraiment importe, c'est-à-dire la façon dont vous vous affirmez dans le chaos du monde.
Avec mes meilleurs voeux,
votre dévoué"
(C.G. Jung)
C.G. Jung - Correspondance 1958-1961
Voilà une belle façon de parler de la pratique zen telle que je la conçois !
RépondreSupprimerje mets sur FB
Merci
chaleureusement
frédéric
La correspondance de Jung recèle des trésors et si je ne devais garder que quelques livres ce seraient ceux là. Merci de la proposer aux lecteurs.
RépondreSupprimer