samedi 6 mars 2010

L'enfant que je suis

Je vous ai dit dans un précédent article que je reviendrais vous parler des aspects positifs de l'enfant, si vivant en moi. J'aime les énigmes, y compris ma propre énigme. J'aime le jeu, je dirais même que j'ai beaucoup de difficulté à faire ce qui ne m'apparaît pas amusant. Je joue d'ailleurs sérieusement, comme les enfants, surtout quand il s'agit d'exprimer mon imagination. Et tout ça est important pour arriver à mieux se connaître, mieux se comprendre et, par conséquent, évoluer.

Parlons d'abord des énigmes. Le chemin de l'individuation est parsemé d'énigmes, comme si la vie voulait nous inciter à jouer avec elle. Et c'est bien ce qu'elle fait. Un exemple parmi des centaines d'autres: Un matin, une image me vient à l'esprit: je place une queue de poisson enveloppée dans le frigo. Etrange! J'ai failli laisser passer sans m'y arrêter, mais ma curiosité a été attisée, alors j'ai réfléchi. Qu'est-ce qu'on peut bien vouloir conserver, qui est pourtant si impropre à la consommation! Je me suis dit que je conservais parfois des attitudes qui me nuisent, des idées qui ne me font aucun bien, des illusions qui tournent en queue de poisson.

Vous voyez comment une banale image peut receler une leçon. C'est très amusant de constater combien la vie a le sens de l'humour dans ses "réparties". Et quand on se penche sur ce qu'elle nous dit et qu'on lui répond, elle se fait un plaisir de continuer le jeu, encore et encore. Je ne me lasse pas de découvrir un sens à ces petites énigmes qui parsèment mon chemin.

Quand j'ai commencé à dessiner, je l'ai fait comme un enfant. Je n'ai pas pris de cours pour apprendre à le faire "correctement". J'ai juste dessiné, pour mon plaisir. Les premiers résultats étaient bien sûr décevants; mais j'ai persisté, et mon inconscient s'est fait un chemin jusqu'à mes doigts sur le papier. Les résultats ont été étonnants, et mon enthousiasme à l'avenant. Il y a même eu un temps où je dessinais, sans m'en rendre compte de prime abord, deux dessins en même temps. En tournant ma page, quelque chose d'autre apparaissait montrant le paradoxe qui m'habitait: Une branche portant un nid d'oiseau, et l'autre côté montrait un vautour, la branche étant son cou.

Il m'est arrivé souvent de dialoguer (à l'aide de l'écriture) avec un petit "être" que je venais de dessiner, un "bonhomme" tout simple. Avez-vous déjà essayé ça? Bien sûr, il faut le faire sérieusement! C'est amusant, mais c'est aussi très instructif! Evidemment, cet échange est un dialogue avec soi-même, mais avec le recul nécessaire pour laisser libre cours à son imagination. Et l'imagination peut être la source d'une libre expression de ce qui est en partie inconscient en nous. Prendre conscience n'est pas une mince affaire, mais il y a des moyens à la portée de chacun de nous pour enclencher et maintenir un dialogue avec notre inconscient. L'écriture est un outil privilégié pour creuser dans la mine de notre esprit. En anglais "mine" ressemble beaucoup à "mind" et j'aime chanter en anglais la chanson des sept nains de Blanche-Neige: "In the mine, in the mine, where a million diamonds shine". Cette chanson est magnifique quand on la comprend symboliquement:

La semaine dernière, cette image m'est venue à l'esprit: un jeune garçon d'environ sept ans marchait vers le milieu d'une salle. Je dis le milieu, mais je n'en voyais pas les limites, ça ressemblait à un gymnase d'école. Arrivé "devant moi", il s'est arrêté et a étiré ses bras vers le haut, exactement dans la position que prend un enfant devant son père qui vient à sa rencontre et qui s'apprête à le prendre dans ses bras. C'était une attitude de parfaite confiance. J'ai mis en parallèle cette attitude avec celle que j'adopte parfois quand je me couche le soir: je m'abandonne entre les "mains" de ce qui est plus grand que moi. Je ne l'appellerai pas Dieu, parce que ce nom, employé à toutes les sauces, a une résonance très subjective différente pour chacun, ce qui prête à des interprétations. J'ai pensé au Tao ("l'être simple qui n'a pas de nom").* Quelques jours plus tard, une discussion sur Facebook m'a amenée à y repenser. Je me suis dit que la meilleure façon de nommer simplement, pour être comprise de tous, cette puissance, c'était simplement la Vie (avec un grand V). C'est alors que j'ai vu la lettre V deux fois sur un objet à ma droite, dans une haie (je marchais vers mon lieu de travail). C'était un sac de plastique tout chiffonné dans le buisson, et il portait ces mots: "Vive la VIE". J'ai raconté cette anecdote sur Facebook, et cherchant une image pour illustrer mon article, j'ai trouvé celle-ci (placée au début de ce texte), qui illustre magnifiquement bien l'image de l'enfant qui tend les bras vers un personnage invisible, qui bien sûr le prendra dans ses bras et le fera peut-être tourner comme ça.

Vive la Vie et les mille et une surprises qu'elle nous réserve en nous faisant tourner dans ses grands bras!

Michelle
6 mars 2010

P.S. Un merci spécial à Ariaga qui dans son commentaire à mon article "Dégager de l'enfance", m'a écrit: "Après cet angle de vision, j'attends l'autre", ce qui m'a incitée à tenir ma "promesse" et venir vous parler des aspects positifs de l'enfant en moi.
* A propos du taoïsme, je vous invite à lire cet article sur mon blog:

6 commentaires:

  1. Quelle conscience remplie de joie ludique !
    C'est vrai que le vie nous fait beaucoup de clins d'oeil que nous abandonnons souvent dans l'angle mort de notre vision trop rapide du quotidien.
    Je vais essayer d'être plus attentif. Je sais qu'il m'arrive souvent des choses semblables. Quelquefois même, je m'étonne mais je ne retiens pas ces éléments.
    Bon samedi Miche ! :)

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  2. on appelle cela les synchronicités

    Merci pour ce beau rappel Michelle

    Dans ma BD ZEM, le maître s'appelle Tsé, cela veut dire la Vie en tibétain, c'est en effet pour moi le maître ultime

    je t'embrasse

    frédéric

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  3. Je l'aime beaucoup cet enfant en toi et je crois que cet enfant intérieur t'accompagnera jusqu'à ton dernier souffle. C'est la partie lumineuse et joyeuse de ce que j'appellerais volontiers ton " âme permanente". Merci à toi de nous le présenter.

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  4. Suis venue relire le texte et te dire mon amitié.

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  5. Bonjour Michelle,
    je parcours votre blog depuis quelques jours et il me plait beaucoup. Il me nourrit et m'enrichit.
    Fabienne

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  6. Une petite crise de paresse ? Je t'embrasse.

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