La première fois, c'était le 15 janvier 2000, une image mentale: Je vois ce qui me semble être un "carnet de santé" au fond d'un sac transparent. (Carnet où sont inscrits le poids, la taille d'un enfant, les vaccins qu'il reçoit, etc.)
Deux jours plus tard, images et paroles: Six jeunes femmes veulent prendre une douche mais comment entrer toutes ensemble dans le bain? Il me semble qu'en fait elles sont toutes la même personne. On me dit d'y réfléchir! - Tout de suite après, je vois dans un sac transparent un grand cercle blanc percé de beaucoup de petits trous carrés ou rectangulaires.
Et voici que cette semaine, le 15 janvier 2012, donc exactement douze ans après la première image d'un tel sac, je lis dans "Des étoiles et des pierres" d'Etienne Perrot: "Le sac de plastique est le vase hermétique, la cornue, l'athanor, l'isolement dans lequel on se place pour prendre contact avec l'inconscient."
J'ai repensé beaucoup à ces images des six jeunes femmes et du grand cercle percé de trous carrés les semaines suivantes. Le grand cercle percé de trous m'a fait penser à une feuille de retailles d'hosties, sauf qu'ici les trous sont carrés et la feuille ronde plutôt que l'inverse. Le carré est symbole de la terre, antithèse du transcendant, du "ciel" représenté par le cercle. J'ai pensé à la représentation du Yi King: les 64 hexagrammes en cercle et à l'intérieur de ce cercle, les 64 hexagrammes formant un carré.
Dans le dictionnaire des symboles de Laffont, on parle ainsi du chiffre 6: "Pour Allendy le sénaire marque essentiellement l'opposition de la créature au Créateur dans un équilibre indéfini. Cette opposition n'est pas nécessairement de contradiction: elle peut marquer une simple distinction, mais qui sera la source de toutes les ambivalences du six." Donc le symbolisme du 6 rejoint celui du carré par rapport au cercle.
Voici quelques extraits de mes réflexions écrites en 2000 au sujet de ces images:
"Serais-je multiple, et quand on est multiple, il faut tendre vers une plus grande simplicité, jusqu'à l'unité intérieure. Douche - eau - purification."
A propos du cercle: "C'est comme un mandala ("cercle" en tibétain) mais il n'y a pas de centre. S'il y a un carré central, il n'y joue pas le rôle de centre, puisqu'il est comme tous les autres trous."
"J'ai continué à réfléchir à propos des 6 jeunes femmes au bain et du cercle blanc percé de trous carrés. Ce cercle avec ces trous me fait penser au "frame" d'un clavier. Des touches doivent s'y insérer. Les jeunes femmes semblent jumelles. Elles sont nues. Parfaites représentations du Yin. En plus le chiffre 6 indique aussi le Yin, mais un Yin qui se transforme en Yang dans le Yi-King. Le Yin est réceptivité. J'ai fait le lien entre ces jeunes femmes qui veulent se purifier, se décanter... et les trous qui attendent qu'on les remplisse." "J'ai comparé il n'y a pas longtemps l'univers à un ordinateur. Tout y est programmé. Et l'inconscient collectif est une "mémoire" de tout ce qui s'est passé dans l'humanité. En voici le clavier? Chaque "touche" devrait représenter un être vivant. La structure est en place. Chaque humain doit s'insérer à sa place pour servir à sa façon. Six jeunes femmes pareilles qui ont peur de ne pas avoir assez de place dans le bain (expression: Etre dans le bain, s'impliquer) Plusieurs trous pareils... bien cordés comme les jeunes femmes dans le bain."
"Le grand cercle blanc représente l'univers spirituel où des petites ouvertures attendent qu'on les remplisse chacun de ce qu'on est. Une fenêtre ne peut avoir d'autre but que d'être utilisée, soit pour montrer soit pour regarder, soit pour laisser entrer la lumière ... ou la laisser sortir."
"C'est un puzzle intéressant, si simple et si abstrait philosophiquement."
"L'immuable, le Tao, le grand cercle blanc, l'hostie blanche représentant l'univers divin; ces petits carrés troués au centre, la place que chacun de nous peut y trouver. Le trou est déjà creusé, attendant la touche personnelle dans sa pureté naturelle."
C'est donner beaucoup d'ampleur à une image somme toute assez simple. Mais en la voyant, j'ai ressenti l'importance qu'elle avait pour moi... et peut-être même pas seulement pour moi. Mon âme et mon esprit ont brodé à coeur joie autour de ce grand cercle blanc, m'emportant sur les ailes de l'inspiration, allègrement!
Michelle
Passionnant ton article. J'ai l'impression qu'en ce moment un bon vent souffle sur les amis de Jung et Perrot. Les images mentales, les visions, sont parfois aussi importantes que de longs rêves. Merci amie, pour cet article.
RépondreSupprimerRemarquable ce que tu nous livres là...ce cheminement est passionnant, encore une fois.
RépondreSupprimerQue cette vision t'ai tant "imprégné" que tu ai conservé une trace et retrouvé son "fil" douze ans plus tard marque bien le caractère archétypique...ce que tu cherches à construire, c'est du sens, probablement ce qu'il y a de plus beau et vibrant dans nos vies.
Merci pour ce partage,
Jean
Bonjour Michelle,
RépondreSupprimerL'association que tu fais entre ce cercle percé de trous carrés et celui du Yi King me parle bien.
Je te livre les quelques réflexions qui me sont venues à propos de tout cela, sans imaginer qu'elles te parleront forcément.
Athanor, matrice, utérus. Dans le sac plastique il y a le "carnet de route" d’un enfant. Mettre en route un enfant intérieur ou un enfant de chair nécessite toujours une matrice-athanor.
(Mais on peut aussi penser à un préservatif qui est un petit sac "plastique" faisant obstacle à la procréation et à la naissance d'un enfant.)
Six joue avec sexe, et une femme qui se fait doucher évoque aussi la sexualité et la procréation. Six femmes sous la douche l'évoquent alors d'autant plus.
Ce cercle qui t'a fait penser à une feuille de retailles d'hostie m'a fait penser de mon côté à l'hymen (membrane physique). L'argot parle de "perdre sa rondelle" pour la perte de la virginité physique.
Les innombrables trous carrés dont il est percé me font penser aux nombreuses possibilités que la nature a prévu pour la plupart des femmes.de mettre au monde (sur cette terre : le carré) des enfants.
Accoucher d'un enfant intérieur ou d'un enfant de chair, aimer, réunir le ciel à la terre... Victor Hugo cite ici "l'hostie et l'hymen*, l'autel et l'alcôve" (* l'amour) :
Victor Hugo – la légende des siècles
XIII
L’Amour
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Oh ! l'amour, le superbe amour, c'est le mystère !
Dieu manquerait au ciel s'il manquait à la terre,
Car la création n'est qu'un vaste baiser ;
Aimer, c'est le moyen de Dieu pour apaiser.
C'est le cœur qui nous crée et l'âme qui nous sauve ;
Car l'hostie et l'hymen, et l'autel et l'alcôve
Ont chacun un rayon sacré du même jour ;
La prière est la sœur tremblante de l'amour ;
Qui prie adore ; aimer, c'est prier une femme ;
Les deux lumières sont au fond la même flamme.
Belle au tendre regard, ce que nous demandons
Aux baisers, aux transports brûlants, aux abandons
S'achevant en sommeil dans les bras l'un de l'autre
C'est ce que demandait aux tonnerres l'apôtre,
C'est ce que dans Tharsis, dans Thèbes, dans Ombos,
Le prophète éperdu demandait aux tombeaux,
La révélation, l'éternité, la vie !
À la suite d'une âme être une âme ravie,
Sentir l'être sacré frémir dans l'être cher,
Apercevoir un astre à travers une chair,
Voir à travers le cœur humain l'âme divine,
Achever ce qu'on voit avec ce qu'on devine,
C'est croire, c'est aimer. Par Ève l'homme naît.
La femme est vers le ciel tournée, et ce qui n'est
Que parfum dans la rose est encens dans la femme.
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http://fr.wikisource.org/wiki/L%E2%80%99Amour_%28Hugo%29
Bien amicalement,
Amezeg
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RépondreSupprimerQuel bonheur de pouvoir partager ce genre d'expériences, et de recevoir d'aussi belles vibrations en écho!
RépondreSupprimerMerci beaucoup, Ariaga, Jean et Amezeg!
Michelle