samedi 12 septembre 2009

Perfecto mundo


Recherche d'un monde parfait! J'ai d'abord découvert cette expression, "perfecto mundo", dans un livre intitulé "La saison du concours"; un père professeur de kabbale, un fils qui cherche une voie spirituelle hors de la religion juive, une fillette, Elisa, personnage central du livre, qui découvre par son père et ses livres sacrés la vie cachée des lettres et des mots et vit à travers eux une expérience transcendante, et enfin la mère, secrète, effacée, qui au fil des ans, élément par élément, a élaboré à partir d'une foule d'objets subtilisés, un monde étrange et ordonné où elle fuit la réalité, son "perfecto mundo".

Dernièrement, j'ai retrouvé cette expression dans un autre livre: "L'étrange Odd Thomas", de Dean Koontz. Encore une fois, il s'agit d'une mère, une femme fragile qui ne peut supporter les problèmes; elle se réfugie dans son jardin de roses, à l'abri de toutes les vicissitudes, son "perfecto mundo". Elle habite au centre de la vieille ville de "Pico Mundo" (petit monde), où habite aussi son fils Odd, qui dit de sa mère: "Elle ne voulait pas d'amour, ni le mien, ni celui de personne. Elle n'en avait pas à donner en retour. Ma mère ne croit pas en l'amour. L'amour lui fait trop peur, à cause de ce qu'il exige. Elle voulait le bon et l'agréable, des relations légères qui se contentaient de parler de la pluie et du beau temps. Son monde parfait ne comptait qu'une seule habitante!"

Qui n'a jamais rêvé d'un monde où tout se conjugue dans une parfaite harmonie, une paix sans mélange. J'y ai rêvé pendant bien des années! J'aurais voulu éviter tous les problèmes, écarter magiquement les difficultés, tout ce qui m'embarrassait et me faisait peur. J'ai aussi longtemps rêvé qu'un jour, j'arriverais à me sentir toujours à l'aise, jour après jour, sereine, comme il m'est arrivé de le ressentir pendant quelques jours ou quelques semaines, dans un "perfecto mundo" (périodes que Jung appelle inflation). Quel soulagement, quand on se sent complètement à l'abri en Soi, en parfaite harmonie avec la vie!

Mais cette attente de la délivrance nous fige dans le temps, comme l'attente d'un éventuel recommencement du monde, d'un événement ou d'un Être venant nous sauver, d'une aide extérieure, de la date magique où notre monde sera délivré! J'ai fait un rêve un jour où je voyais beaucoup de gens en attente de quelque chose. Leur bagage à côté d'eux, ils étaient prêts, ils attendaient, dans un paysage sombre. Et une jeune fille que je connaissais, Lilia, me demandait: Mais qu'est-ce qu'ils attendent? Je ne lui ai pas répondu, dans le rêve... mais j'ai compris en y repensant, puisque moi-même, comme beaucoup d'autres, j'attendais!

Chacun de nous porte à l'intérieur de soi la clé pour transformer son "pico mundo". Chacun de nous est un petit monde qui ne peut être délivré que par lui-même. Nous aspirons au bonheur, à un monde sans douleur, sans souffrance, un "perfecto mundo", un monde de paix. Si nous voulons le voir éclore un jour, chacun de nous, dans son "pico mundo", a quelque chose d'unique à développer; un petit morceau du grand "puzzle" de l'anima mundi, à découvrir et puis à insérer dans le Tout. Nous seuls pouvons arriver à délivrer cette parcelle de vie unique et originale.

Chacun de nous a pour mission de délivrer son âme des tourments qui l'affligent, avec l'aide de l'anima mundi, Âme du monde, immanente en toute chose. Pour cela, plusieurs moyens sont à notre portée, mais chacun exige une implication personnelle: méditation, travail sur les rêves, écriture, prise de conscience des signes qui jalonnent notre vie, etc. Chacun de nous doit se sauver lui-même, pour qu'au bout du compte l'anima mundi, peu à peu, soit délivrée des maux qui l'enchaînent au coeur de l'humanité. Sur la table d'Emeraude, on peut lire: "Ce qui est en haut est comme ce qui est en bas". Le macrocosme est comme le microcosme. On ne peut pas changer le Monde, mais on peut changer son petit monde, le libérer, le rajeunir, ce qui aura pour effet de nous rapprocher petit à petit de ce "Perfecto mundo" tant convoité.

Michelle
12 sept. 2009

N.B. Le livre de Myla Goldberg, "La saison du concours", a été adapté au cinéma dans un film intitulé "Les mots retrouvés"
http://www.poesie-amour.com/article957.html

6 commentaires:

  1. Tout à fait juste, mais en faisant attention que ce Perfecto Mundo ne soit pas un monde virtuel pour se protéger du monde "réel"

    chaleureusement

    Frédéric :)

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  3. Très très beau , très très vrai.
    Et bravo pour la nouvelle page de ton blog: frais, accueillant, gai.

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  4. tres profond tres vrai mais faut etres pret pour y travailler nicole outlook express rocheleau.nicole@videotron.ca je continu la lecture et chaque aussi lache pas

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  5. Je parle ici d'un processus très lent et très naturel, qui suit le cours du temps et qui pour chacun prend une tournure différente. Certains suivent ce cheminement avec un thérapeute, mais d'autres le suivent en autodidacte. Il s'agit de faire feu de tous les bois qui jalonnent le sentier, pas à pas. Rien à voir avec une thérapie-choc. Le leitmotiv: prendre conscience!

    Michelle

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  6. Je me demande si beaucoup de militantEs révolutionnaires ne travaillent pas pour un "perfecto mundo" que d'autres humains plus calculateurs ou futés s'empressent de faire écrouler une fois le pouvoir acquis...
    Je comprends ton texte mais je bute sur cette réalité: chaque individu aura beau atteindre à la perfection si le pouvoir ou le monde tel qu'il est ne change pas, c'est impossible. Le tout est plus que l'addition de ses parties mêmes très conscientes et accomplies.
    Toutefois, j'aime beaucoup voir que chacunE à notre façon visons un monde meilleur ! :-)
    ■ paumier.

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