lundi 7 septembre 2009

Bienfaisant silence

Aujourd'hui, j'ai été assaillie par le bruit. Je cherchais un peu de tranquillité, de silence, pour écrire. Pour moi, le silence est précieux, bien plus que la musique. Et voilà que justement, même chez moi, je n'ai pu en jouir comme j'aurais voulu. Je me suis évadée à l'Ile Sainte-Hélène, mais j'ai été envahie par une musique techno qui pollue l'île tous les dimanches (aujourd'hui lundi, c'est la fête du Travail, donc congé au Québec... et cette musique syncopée régnait encore). Dans deux autobus, la radio était forte, et en m'en revenant, en bus encore, une conversation sur cellulaire, la cerise sur le sundae. Je voulais justement écrire pour mon blog... mais je me résigne à vous présenter plutôt un texte qui vient du site d'Ariaga, et que j'ai trouvé il y a deux jours (il n'y a pas de hasard) sur un autre blog. J'haïs le bruit!...

Michelle

http://ariaga.hautetfort.com/archive/2008/06/17/le-bruit-pollution-mentale.html

"Dans une lettre de Septembre 1957, adressée à un professeur de droit qui avait fondé une “ligue contre le bruit” C.G.Jung, âgé de 82 ans, parle de la véritable pollution mentale que représente , pour lui, le bruit. J’ai été frappée par le côté actuel de ses propos, assez virulents, et dont j’aimerais vous donner ici la substance.

Le bruit trouble la concentration psychique nécessaire au travail intellectuel et, pour faire abstraction de ce bruit, on doit faire un effort supplémentaire. Le pire c’est qu’on s’y habitue, comme à l’alcool ou à une drogue et on peut souffrir de cirrhose ou de dépendance mentale. Les enfants sont les premiers touchés. Ils reçoivent trop d’incitation à la dispersion. Ils travaillent dans un bruit subi ou choisi et reçoivent quantité de sollicitations extérieures, ce qui les empêche de réfléchir et de se concentrer pour trouver eux-mêmes des solutions aux questions qui leur sont posées. Pour Jung, et j’ai tendance à croire qu’il a raison, l’homme s’est mis à aimer le bruit parce que le monde est de plus en plus angoissant et que le bruit “empêche cette angoisse de se faire entendre”. Autrefois, les primitifs faisaient du bruit pour chasser les démons. De nos jours, le bruit, comme la foule donne à pas mal de gens un sentiment de sécurité et protège contre les désagréments d’un silence qui pourrait conduire à la réflexion et aussi laisser remonter à la conscience ce qui est enfoui dans l’inconscient. N’importe quel bruit est alors préférable au silence. Comme l’écrit Jung, “Dans ce que l’on appelle de façon significative, “un silence de mort”, on se sent mal à l’aise”. On craint ce qui pourrait venir de l’intérieur et on le combat de l’extérieur. Jung est assez pessimiste sur l’issue de la lutte que mène son correspondant contre la pollution sonore. Voici ce qu’il écrit :

“Avec la lutte si nécessaire contre le bruit, vous vous êtes chargé d’une tâche difficile : certes il serait souhaitable de réduire l’excès de bruit , mais plus vous vous en prenez au bruit, plus vous vous engagez sur le terrain interdit du silence, objet de tant de crainte. Vous ôtez aussi à ceux qui sont sans importance et dont on n'entend jamais la voix l’unique joie de leur existence, et l’incomparable satisfaction qu’ils éprouvent à crever le silence de la nuit avec la pétarade de leur moteur, ce qui leur permet de troubler par un vacarme d’enfer le sommeil de leur prochain. A ce moment-là, ils sont quelque chose dont il faut tenir compte. Le bruit est pour eux une raison d’être et une confirmation de leur existence. Il y a beaucoup plus de gens qu’on ne le soupçonne qui ne sont pas dérangés par le bruit, car ils n’ont rien en quoi ils pourraient l’être ; au contraire, le bruit leur apporte quelque chose.”

Quand je lis cette lettre de Jung je me dis que la vie est mouvement et que nous devons peut-être nous adapter à l’époque dans laquelle nous vivons. Mais dans le cas du bruit, s’agit-il d’une nécessaire adaptation, librement consentie, ou d’une pollution qui est une agression et que nous subissons sans réagir ?"

Ariaga

5 commentaires:

  1. Oui très juste, le bruit comme fuite du silence qui nous ramène à ce que nous sommes, faire face
    Un lieu d'une personne qui vit dans le silence et le traduit en très beaux mots :
    http://jack-maudelaire.blogspirit.com/

    Pour Ariaga, hélas pas de nouvelles dans ce qu'elle vit, une pensée d'amour pour elle.

    Merci chère Michelle de tous ces rappels

    je t'embrasse

    Frédéric :)

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  2. Le bruit qui envahit et remplit aujourd’hui l’espace privé, et, par suite, l’espace public, témoigne bien du grand vide insensé ou angoissé qui règne désormais en ces espaces.
    Quand cela ne vibre plus au-dedans, nous tentons de le faire vibrer au dehors, sans doute. Et cette tentative a pris, de nos jours, une importance inquiétante et insupportable - hélas ! - pour celui qui n’est pas dans cette nécessité de s’entendre bruire au-dehors. D’autant plus insupportable que l’on perçoit bien que cette cacophonie ambiante, est, qu’on le veuille ou non, négation de la vie intérieure, est distorsion et projection assez désespérée vers l’extérieur d’une vibration qui peut, en soi (à l’intérieur de soi), être harmonieuse.

    Amezeg

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  3. Tu exprimes très bien ce que j'en pense:
    distorsion et projection d'une vibration de l'âme qu'on fait taire, dont on a peur d'écouter la voix!
    Merci pour ton commentaire Amezeg,
    Michelle

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  4. De rien, Michelle. Je commente avec plaisir sur ce blog dont la petite musique sonne très agréablement à mes oreilles… Merci pour cette musique-là :-)
    Amezeg

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  5. Comme il y aurait de choses à dire ! Je suis très sensible à ce que tu dis, Michelle sur les bruits imposés aux autres dans les lieux publics et aussi à la maison par ceux qui polluent le voisinage de leurs bruits qui à leurs oreilles peut être considéré comme de la "belle" musique ou le son d'un beau moteur de moto bien graissée et astiquée.
    Ce qu'on entend par bruit est en partie subjectif car nous ne sommes pas tous pareils et ce que l'unE aime, l'autre n'aime pas nécessairement !
    Les "pik niks" électroniques du dimanche à l'île Sainte-Hélène à Montréal sont à mes oreilles et aux tiennes une nuisance telle qu'ils nous empêchent d'y aller. Pour d'autres, c'est le "fun"...
    Le Robert classe les bruits en plusieurs catégories: les bruits légers, les bruits forts et violents, les bruits gênants, etc.
    Il y a des règlements antibruit mais ce sont souvent les autorités elles-mêmes qui les laissent se propager en toute légalité.
    En serons-nous rendus à nous construire des cabines insonorisés à la maison et nous promener avec des coquilles antibruit comme les ouvriers exposés à des bruits nocifs ?
    Je suis pour la suppression du bruit nocif à la source mais ce dernier n'est pas le seul que je déteste ! Je devrai donc porter des coquilles à la maison parce que le maire de Montréal se fiche éperdument des plaintes de citoyenNEs de villes voisines de "ses" îles qui n'apprécient pas les tintamarres des groupes rock au métal hurlant et malade.
    Mais donnez-moi des bruissements, des chuchotements, des chuintements, du clapotage, un clapotis, un cliquetis, un craquètement, une crépitation, un crépitement, un crissement, un froissement, frôlement, un gazouillement, un grésillement, un grincement, un murmure, un pétillement, un ronron, un ronronnement, etc. Mais sans excès s'il vous plaît.
    Je sais que sans bruit, on ne pourrait apprécier le silence. Mais avec du bruit, il est difficile de lire, ce pourquoi il est défendu de parler dans une bibliothèque !
    Jeune, pour voiler le bruit à la maison, je devais étudier, écrire mes compositions ou traduire des langues au son de Vivaldi ou Marcello, Bach ou Mozart. C'est un "bruit" de fond harmonieux qui me permettait d'être heureux à faire ce que j'aimais faire mais je ne voudrais jamais imposer ce goût aux autres.

    Merci pour cette entrée de blogue qui parle fort sans être bruyante ! ♥

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