lundi 25 janvier 2010

Dégager de l'enfance

Maman, Louise et moi au jardin botanique - Je suis la plus petite.
Une des prises de conscience les plus importantes de mon cheminement a été de réaliser que j'étais comme une enfant. En rêve, on m'a même dit: "Comment ça se fait que t'as juste 5 ans." Prendre conscience, c'est plus que juste savoir. C'est réaliser pleinement entre autres ce qu'on projette à l'extérieur: par exemple, qu'on a pris quelqu'un en grippe parce qu'on le trouve "bébé", alors qu'on l'est bien plus que lui. Dans la vie, j'ai peur... peur des démarches, petites ou grandes, des changements, peur d'être "chicanée", peur d'avoir à me défendre, peur de l'autorité (au sens très large du mot).

En 2002, le CLSC où je travaille déménageait. Pendant des mois, j'ai vécu dans la crainte; mes tâches changeaient, et surtout je me retrouvais seule à mon poste (qui consiste à gérer les rendez-vous). J'avais même des fantasmes que la nouvelle bâtisse passe au feu. Bien sûr, je me demandais qu'est-ce que ces changements m'apporteraient. Je lançais la question comme je le fais souvent, pas à Dieu ni à un saint ni à ma mère décédée, mais "en l'air"; je reçois de cette façon beaucoup de réponses à mes interrogations.


J'ai entendu ces paroles clairement dans ma tête:
"Dégager de l'enfance".


Ainsi, ce changement m'aiderait à me dégager de l'enfance. Puisque je me retrouvais seule, je ne pourrais compter que sur moi-même, je n'aurais d'autre choix que de m'exprimer et de me débrouiller. Et c'était bien vrai, me retrouver seule a été bénéfique et même très agréable, finalement.

Par la suite, je me souvenais du sens de ces paroles, mais pas des paroles exactes. Dernièrement, j'ai perdu mon père, Lauréat, décédé le 4 octobre dernier. Ce qui m'oblige à faire certaines démarches, et ça m'amène aussi à m'inquiéter pour des problématiques qui sont remises à plus tard dans le futur, futur qu'on ne peut bien sûr connaître à l'avance, d'autant plus que nous avançons en âge, ma soeur, mon frère et moi. Je me suis demandé récemment: Quelles étaient donc ces paroles qui m'avaient aidée lors du déménagement du CLSC. Sous une impulsion, la semaine dernière, j'ai choisi un de mes cahiers parmi les autres au hasard, j'ai ouvert une page au hasard, et je suis tombée pile sur ces mots, que je vais retenir maintenant: "Dégager de l'enfance".

Voilà une bonne raison de moins m'inquiéter: quoiqu'il arrive, l'expérience que j'en retirerai me servira à quelque chose... le futur quel qu'il soit me mènera plus loin, et m'aidera à me dégager de ce cocon douillet, de ce refuge, de cet état de moindre responsabilité qu'est l'enfance.

Michelle
25 janvier 2010

P.S. Un autre jour, je vous parlerai des bons côtés de l'enfant si vivant en moi!

4 commentaires:

  1. Très intéressée par ton texte j'ai mis DEUX fois un commentaire assez long qui a été perdu. Je reviendrai...

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  2. Maintenant que je suis enfin connectée, je voulais te dire que c'est un vrai travail analytique que tu nous proposes là. Après cet angle de vision j'attends l'autre. Je te comprends car je suis assez anxieuse, comme toi. Je crois que c'est parce que nous avons beaucoup d'imagination. nous nous faisons des scénarios...

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  3. Y a-t-il des personnes qui ne se posent pas plein de questions ? Je l'ignore. Je sais que certaines semblent ne pas s'en poser. Mais Est-ce un masque ?
    Je sais par contre que les religions sont nées en bonne part à cause de l'angoisse des humains devant la vie terrifiante du quotidien: nourriture à trouver pour le prochain repas, faire en sorte que les enfants ne se blessent pas, réparer ou trouver un toit pour abriter sa famille, faire attention de ne pas déplaire à tel puissant qui tend à terroriser le peuple et demande une soumission totale, etc.
    À moins d'être né fortuné(e), et c'est le lot d'une très petite minorité (on parle du 1%) comment ne pas s'inquiéter devant les aléas de la vie ?
    Alors on a beau avoir vieilli, on peut rester très anxieux ou anxieuse !

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