J'ai commencé à composer ce texte à cet endroit que j'aime, au jardin botanique de Montréal
Gaston Bachelard écrit: "Le poète détruit la continuité simple du temps enchaîné. En tout vrai poème, on peut alors trouver les éléments d'un temps que nous appellerons vertical pour le distinguer du temps commun qui fuit horizontalement avec l'eau du fleuve, avec le vent qui passe."
Cette notion de temps vertical me séduit. Spontanément, je l'emprunte pour exprimer la richesse des moments où on goûte la réalité vivante du temps qui passe, l'intensité de chaque instant; un temps qui cesse d'être monotone.
Certains livres nous font ainsi ressentir mot à mot une telle plénitude. Ils sont rares. "L'enchanteur" de René Barjavel a été pour moi un de ceux-là. Savourer page après page et avoir envie que ça n'ait pas de fin.
Tous nos sens nous invitent à vivre le présent, à condition qu'on leur prête attention: regarder (et non seulement voir), écouter (et non seulement entendre), humer, goûter, toucher, nous connecte à la vie qui passe.
Dans la nature, le temps s'arrête, c'est si doux, si bon, si serein, parce qu'enfin, on en fait partie de ce grand oeuvre qui ne se vit qu'au présent et nous touche en profondeur. Ce bien-être, on peut le retrouver aussi dans le quotidien, en se connectant à notre environnement. Arrêter de penser de temps en temps, pour être tout simplement.
Dans la communication avec les humains aussi, parfois, le temps suspend son cours: moments de complicité, quand soudain tout devient si facile, si transparent, ou si intense, si intéressant! Je pense à la première rencontre de Carl Jung et de Sigmund Freud, ils ont parlé pendant treize heures d'affilée sans voir le temps passer, tant ils avaient de choses à se dire.
On peut arriver à ressentir de plus en plus souvent un sentiment de plénitude, dans nos contacts humains quotidiens. On peut le cultiver, en étant présent aux autres, et à l'ambiance. Par exemple, on fait la file, on s'énerve et puis... on se parle à soi-même: "Voyons, calme-toi, observe, et profite de cet arrêt pour être, n'est-ce pas même agréable d'être là, tranquille, en suspens." Le temps devient différent tout à coup, il devient vertical, il passe en prenant son temps. Sinon, au lieu de passer doucement, il nous pousse, nous tire et on ne le vit pas, on le subit!
Quand j'écris, le temps devient vertical. Je ne peux avoir l'esprit ailleurs que sur la page où mon crayon écrit au présent. Des idées viennent, je les couche sur le papier un peu au hasard. Après, je reprends tout autrement. Je biffe, je remplace, je replace, je peaufine, jusqu'au résultat. Une création ne peut se faire qu'au présent!
Créer, ressentir, communiquer, se recueillir, méditer, regarder, écouter, aimer. Au beau milieu du temps, l'esprit s'épanouit quand il est branché sur la vie, sur le moment qui respire maintenant, et se conjugue au présent!
Michelle
23 septembre 2009
Gaston Bachelard écrit: "Le poète détruit la continuité simple du temps enchaîné. En tout vrai poème, on peut alors trouver les éléments d'un temps que nous appellerons vertical pour le distinguer du temps commun qui fuit horizontalement avec l'eau du fleuve, avec le vent qui passe."
Cette notion de temps vertical me séduit. Spontanément, je l'emprunte pour exprimer la richesse des moments où on goûte la réalité vivante du temps qui passe, l'intensité de chaque instant; un temps qui cesse d'être monotone.
Certains livres nous font ainsi ressentir mot à mot une telle plénitude. Ils sont rares. "L'enchanteur" de René Barjavel a été pour moi un de ceux-là. Savourer page après page et avoir envie que ça n'ait pas de fin.
Tous nos sens nous invitent à vivre le présent, à condition qu'on leur prête attention: regarder (et non seulement voir), écouter (et non seulement entendre), humer, goûter, toucher, nous connecte à la vie qui passe.
Dans la nature, le temps s'arrête, c'est si doux, si bon, si serein, parce qu'enfin, on en fait partie de ce grand oeuvre qui ne se vit qu'au présent et nous touche en profondeur. Ce bien-être, on peut le retrouver aussi dans le quotidien, en se connectant à notre environnement. Arrêter de penser de temps en temps, pour être tout simplement.
Dans la communication avec les humains aussi, parfois, le temps suspend son cours: moments de complicité, quand soudain tout devient si facile, si transparent, ou si intense, si intéressant! Je pense à la première rencontre de Carl Jung et de Sigmund Freud, ils ont parlé pendant treize heures d'affilée sans voir le temps passer, tant ils avaient de choses à se dire.
On peut arriver à ressentir de plus en plus souvent un sentiment de plénitude, dans nos contacts humains quotidiens. On peut le cultiver, en étant présent aux autres, et à l'ambiance. Par exemple, on fait la file, on s'énerve et puis... on se parle à soi-même: "Voyons, calme-toi, observe, et profite de cet arrêt pour être, n'est-ce pas même agréable d'être là, tranquille, en suspens." Le temps devient différent tout à coup, il devient vertical, il passe en prenant son temps. Sinon, au lieu de passer doucement, il nous pousse, nous tire et on ne le vit pas, on le subit!
Quand j'écris, le temps devient vertical. Je ne peux avoir l'esprit ailleurs que sur la page où mon crayon écrit au présent. Des idées viennent, je les couche sur le papier un peu au hasard. Après, je reprends tout autrement. Je biffe, je remplace, je replace, je peaufine, jusqu'au résultat. Une création ne peut se faire qu'au présent!
Créer, ressentir, communiquer, se recueillir, méditer, regarder, écouter, aimer. Au beau milieu du temps, l'esprit s'épanouit quand il est branché sur la vie, sur le moment qui respire maintenant, et se conjugue au présent!
Michelle
23 septembre 2009