Il y a
un mois, j'ai vu une image mentale qui m'a impressionnée. Deux oiseaux foncés plutôt petits, je ne sais
de quelle espèce, dont l'un était probablement le parent de l'autre. A gauche se dressait le plus grand, à droite
le petit. Celui-ci enfonçait son bec
dans le corps du plus grand, comme s'il se nourrissait à même sa chair et son
sang. Le grand tenait bon mais vibrait
fortement. Non seulement l'image était
intense mais elle a persisté plusieurs secondes et j'ai pu l'observer
consciemment, phénomène qui se produit plutôt rarement.
En y
repensant, il m'est venu en tête un film qui s'intitule "Ladyhawke la
femme de la nuit". Deux amants
victimes d'un mauvais sort, Etienne de Navarre et Isabeau d'Anjou. L'homme se transforme en loup toutes les
nuits et la femme en faucon tous les jours.
Ils sont toujours ensemble mais jamais sous leur forme humaine en même
temps, sauf dans de très rares instants au crépuscule ou à l'aube, où parfois
ils s'entrevoient fugitivement.
J'ai
pensé que ces deux amants sont comme le conscient et l'inconscient, qui s'accompagnent toujours, mais
s'entrevoient rarement, durant ces moments fugitifs, entre la veille et le
sommeil, où quelque bribe d'inconscient parfois surgit dans la conscience. L'animus d'Isabeau l'accompagne la nuit,
l'anima d'Etienne se perche sur son épaule tous les jours.
Mes
deux oiseaux m'ont fait penser à une légende au sujet du pélican, bien qu'ils
n'avaient pas du tout l'envergure et la puissance de ce grand oiseau
blanc: on dit que le pélican nourrit ses
petits avec son propre sang. Le petit
oiseau prenait avec intensité et le grand oiseau se donnait aussi
intensément. Comme deux amants!
Michelle
Waouh ! Oui ! Impressionnant !
RépondreSupprimerJe te rejoins dans ton analyse en ce qui concerne le conscient et l'inconscient...
Merci de ce témoignage, Michelle.
Bonjour Michelle,
RépondreSupprimerC’est une image très forte qu’il t’a été donné de voir ce jour-là !
Elle m’a, comme à toi, rappelé l’image du pélican alchimique que tu cites. Mais elle m’a aussi fait penser à la Parabole des deux oiseaux que l’on trouve dans la « Mundaka Upanishad ». Tu la connais peut-être.
Dans ta vision, le grand oiseau nourrit le petit de sa propre nature, de sa propre chair et de son propre sang, c’est sans doute parce que le petit oiseau a découvert la source de "l’aliment d’immortalité" et "la fontaine de jouvence" qui seuls, peuvent rassasier sa faim et sa soif essentielles. Deux oiseaux séparés qui... ne sont qu’UN :
« Parabole des deux oiseaux
Vieux conte indien
Un oiseau, perché sur une haute branche, contemple paisiblement tout ce qui se passe autour de lui. L'autre sautille nerveusement d'une branche à l'autre pour picorer les fruits. Lorsqu'il trouve les fruits sucrés, il gazouille de joie; mais lorsqu'il goûte des fruits acides, il sombre dans le mécontentement et la dépression. Il jette un coup d'oeil de temps en temps vers l'oiseau perché majestueusement au sommet de l'arbre. L'oiseau nerveux aspire à découvrir le secret de la sérénité de l'autre, mais il oublie bien vite cette aspiration lorsque son attention est attirée par de nouveaux fruits.
Il continue donc à sautiller d'une branche à l'autre et passe quelques minutes d'un fruit sucré à un fruit acide, de l'euphorie à la déception, du gazouillis aux cris. Lui qui ne cherche que des fruits sucrés, est au désespoir lorsqu'il réalise que chaque fruit sucré est suivi d'un fruit amer. Peu importe ce qu'il fait, les fruits acides succèdent aux fruits sucrés. Il jette un coup d'oeil plein d'espoir vers l'oiseau paisible, puis reprend avec obsession sa recherche frénétique. A un moment donné, il goûte un fruit tellement amer que cela lui est insupportable. Il est au bord de la crise. Il doit choisir quelque chose d'entièrement différent, sinon il en perdra la raison. En proie à l'hésitation, il sautille vers l'oiseau paisible et s'en rapproche peu à peu.
C'est au cours de cette manœuvre timide que se produit le miracle : l'oiseau inférieur se rend compte que c'était lui l'oiseau supérieur ! Mais il ne s'en rendait pas compte. Il était le jouet de ses illusions et pensait qu'il y avait deux oiseaux distincts; mais il sait à présent qu'il n'en existe qu'un seul : le soi unifié.
Il se rend compte à présent qu'il se trouvait dans un état d'illusion hypnotique lorsqu'il sautillait désespérément d'une branche à l'autre. Maintenant qu'il sait que c'est lui l'oiseau majestueux, il est au-dessus de l'exaltation et du chagrin. Il ne recherche plus le bonheur à l'extérieur de lui-même -- son véritable soi est le bonheur même ! »
Trouvé ici : http://www.michaelgallasch.com/recueil.html
Amicalement,
Amezeg
Bonjour Amezeg,
RépondreSupprimerJe ne connaissais pas cette histoire.
En effet, la conclusion pourrait être la même pour mes deux oiseaux. J'y ai pensé, le petit oiseau étant l'ego, et l'autre le Soi.
Superbe histoire que je vais conserver dans mes cahiers.
Merci beaucoup, mon ami,
Michelle
Bonjour Michelle,
RépondreSupprimerje trouve aussi ta vision assez impressionnante, du genre qu'on n'oublie pas !
Ton analyse et ta description du film me rappelle un article écrit dans "Grands rêves" sur "le Moi du jour et le Moi de la nuit", la vie du conscient et celle de l'inconscient qui ne se croisent que furtivement...
L'oiseau le plus grand se trouvant à gauche, il a sans doute un lien avec l'inconscient...oiseaux sombres et semblables...l'un se "nourrissant de la chair et du sang" de l'autre...un aspect un peu "christique" ? (Mangez ma chair, buvez mon sang "), une nourriture "spirituelle" ? (ailée)
J'ai aussi pensé spontanément (avant d'avoir lu la fin) au pélican nourrissant ses petits.
http://www.bibleetnombres.online.fr/sacrifice_pelican.htm
Dans ta "version", la différence est peut-être la couleur des oiseaux et aussi le fait que c'est le "petit" qui "prend" la chair et non le "grand " qui la donne ?
Amicalement.
Euh...excuse-moi, je relis ton article et je vois que tu dis, à la fin, que le grand oiseau "donne" intensément...il s'agit bien d'un "don" consenti...je retire donc ma dernière remarque... :-)
RépondreSupprimerLa nourriture fournie généreusement par le Soi...si on prend la peine de la "chercher" ?
Bonjour la Licorne,
RépondreSupprimerJe trouve ta remarque intéressante. Dans la légende du pélican, en effet, les petits boivent le sang volontairement versé pour eux. Tandis que dans mon image, c'est clairement le petit qui prend, mais le grand oiseau reste là tout droit en victime consentante. La différence est subtile mais bien là!
Merci pour ta visite chez moi,
Amicalement,
Michelle
Je croyais t'avoir mis un commentaire sur cette passionnante vision d'ombre et de lumière mais je ne le vois pas.J'ai du rêver ! Amitiés.
RépondreSupprimerBonjour,
RépondreSupprimerJ'ai vu Lady Hawk, et pour ma part, je n'y ai vu que la démonstration de ce qui se passe lorsque un humain (et non un "être humain") s'abandonne aux sentiments, à "l'égo"... Tous les personnages dans ce film sont prisonniers et en proie de leurs ressentis ; effaçant leur personnalité pour en faire des "jouets de l'égo"...
L'apologie de la civilisation occidentale, en perspective...
Cette image d'oiseaux cannibales n'est-elle pas simplement un état naturel, idée de sacrifice pour l'autre (idée opposée diamétralement à "Lady Hawk !), une invitation à cesser d'ériger l'égo sur un piédestal, peut-être ?...
Vous voyez, tout est possible dans l'approche d'un sujet ? Qui a raison, qui a tort ? Est-ce important de l'emporter dans une joute verbale ou conceptuelle ?... Les affirmations éloigne le locuteur de ces dernières...
Bonne journée
Test
RépondreSupprimerSuperbe interprétation, Michelle ! Forte, convaincante et brillante ! ♥♥♥♥
RépondreSupprimer