vendredi 24 août 2012

A la fin de l'hiver - Lecture au second degré

Ce billet est la suite du billet précédent.  Si ce n'est déjà fait, veuillez lire d'abord:  A la fin de l'hiver - Résumé du livre.

L'hiver est une longue période de gestation où la nature est en sommeil, où le froid est intense.  Il correspond à la nigredo, période obscure au début du processus d'individuation.  Le Peuple est à l'abri dans le Cocon.  Un cocon est une demeure transitoire, lieu d'une transformation lente et laborieuse.    Il n’est pas une demeure permanente, mais en attendant la fin de l’hiver, il offre un abri.   La gestation est affaire féminine, Yin.  Le chef du cocon est une femme.  

Thaggoran le chroniqueur est le gardien des grands livres du passé.  Ces grands livres correspondent à l’inconscient collectif.  Il ne faut surtout pas oublier que le présent devient à mesure passé. Le chroniqueur continue donc de narrer les aventures du Peuple au jour le jour.  Thaggoran est aussi le gardien d’une pierre magique qu’on dit venue des étoiles :  pierre philosophale, compréhension du sage qui à l’aide de l’intelligence du cœur et de l’intuition, peut percer plus d’un mystère.  Mais cette pierre peut aussi devenir redoutable car le contact avec l’inconscient n’est pas sans danger. Ces chroniques du passé me font penser à ce que les Rose-Croix appellent « la mémoire de la Nature»  et certaines doctrines  ésotériques  « les annales akashiques ».   La pierre philosophique est notre lien avec cette mémoire collective que Jung appelle l’inconscient.

Le faiseur de rêves est dans un état de sommeil depuis l’entrée dans le Cocon.   Il est le dernier représentant de la race humaine.  Sa seule fonction est de rêver.  Le rêve, la voie royale vers l’inconscient, disait Freud.  Figure énigmatique, ce faiseur de rêves est le seul lien entre l’humanité disparue et le Peuple, nouvelle espèce qui a conservé de l’état animal une fourrure couvrant tout son corps.  Qu’est-ce à dire?  Ce nouveau peuple aurait-il comme mission de concrétiser ce qui est demeuré virtuel dans l’esprit du faiseur de rêves?   Le faiseur de rêves, d’après une ancienne prophétie, se réveillerait quand le temps serait venu de quitter le cocon, c’est lui qui annoncerait la fin de l’Hiver, avant de mourir.

Maintenant, parlons de Hresh.  C’est un garçon de 8 ans.  On l’a surnommé Hresh-le-questionneur parce que sa curiosité est insatiable.  Mais lors de son baptême, il décide que désormais il s’appellera Hresh-qui-a-les-réponses.   Ça me fait penser à une des premières énigmes qui me sont venues à l’esprit, en 1983 :  « Noémie ».  Je ne connaissais aucune Noémie.  J’ai donc eu recours à la langue des oiseaux, j’ai séparé ce nom en syllabes :  « No way me », pas très encourageant!  Mais tout de suite m’est venue une autre façon de l’écrire :  « Know way me ».  Ainsi, j’étais à la fois celle qui n’a pas de chemin, et celle qui connaît le chemin. 

Hresh-le-questionneur devient, au fil du temps, Hresh-qui-a-les-réponses. Curieusement, en devenant chroniqueur, il acquiert aussi le surnom de « L’ancien ».  Ce qui n’est pas forcément contradictoire, puisque chacun de nous, par son lien avec le Tout, est dépositaire de tout le bagage de l’humanité.   Et l’enfant en éveil, vierge de toutes les influences qui nous assaillent à mesure qu’on grandit, est bien celui qui représente le mieux l’homme à son état naturel.  Etienne Perrot, dans le livre « Des étoiles et des pierres », écrit :  « La vie au niveau central est une vie d’enfance ».  D’ailleurs c’est Hresh qui découvre la cité ancienne, il est le premier à y pénétrer.  La cité c’est bien sûr le Soi.  Hresh constate que cette ville est formée entièrement de cercles imbriqués les uns dans les autres, de différentes grandeurs, mandalas représentant les êtres dans leur totalité, si différents les uns des autres, et pourtant si semblables et inextricablement reliés. Dans cette ancienne cité, ils trouveront de vieilles machines conçues jadis par l’humanité, qui leur permettront de fonder une nouvelle civilisation.  Maints secrets qui semblent perdus sont bien gardés dans l’inconscient. 

Le Peuple rencontre une autre tribu, les Beng.  Ils sont très étonnés de réaliser que les Beng ne parlent pas le même langage qu’eux, et vénèrent d’autres dieux.  C’est Hresh qui le premier comprend pourquoi ces nouveaux venus ne les comprennent pas, et vice versa.  Et il est aussi le premier, grâce à sa pierre magique et à son organe sensoriel, à comprendre le langage des étrangers.  Ce qui lui permet de rencontrer le vieux Sage, avec qui les échanges sont riches de questionnement et d’enseignement, de part et d’autre.  La figure du vieux Sage survient dans les rêves quand le temps est venu de franchir une étape, d’accéder à de nouvelles connaissances.  Et c’est bien sûr l’enfant en nous qui s’ouvre à ce qui lui est étranger.  Il n’a pas d’œillères, l’inconnu ne lui fait pas peur!

Parlons aussi un peu du couplage, cette union complète de deux esprits.  Une perspective alléchante, mais aussi un peu angoissante.  Hresh est initié par Torlyri au couplage.  C’est ainsi qu’elle prend conscience de l’étrangeté et de la richesse de l’esprit de Hresh.  Plus tard Hresh et Tatiane entrelaceront ainsi leurs esprits avec délice.  Une étape ultérieure dans l’avenir des communications, pour nous, humains limités? 

A la fin, Koshmar meurt.  En alchimie, on parle du vieux roi qui représente ce qui en nous doit mourir pour laisser la place au prince, qui instaurera le renouveau.   Et c’est Tatiane, la compagne de Hresh (son anima), qui sera le nouveau chef du Peuple.  Le temps est venu de quitter l’ancienne cité. C’est le début d’une nouvelle aventure.

Comme Jonathan Livingstone le goéland, nous réalisons que ce qui semblait être le but ultime du périple devient le point de départ d’une nouvelle aventure, la plus palpitante qui soit:  celle de la « pierre vivante » en Soi.

Amicalement,
Michelle

5 commentaires:

  1. merci beaucoup de ce très beau texte car il veille aux choses importante de moins en moins parler sauf chez les êtres qui ont trouvé les pas d'un chemin d'éveil et formidable , je suis ravie de t'avoir fait découvrit Roland barthes

    tu vois par exemple si je suis capable d’écrire comme le texte commencé à être déposé aujourd'hui c'est grâce à ses grande fréquentations je t'embrasse à bientôt merci de ton commentaire car maintenant je vais pouvoir te remettre dans mes blog ami , j'ai eu un soucis et perdu bien du monde fréquenter alors le commentaires çà sert beau fin d'été.

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  2. Que deviens tu, tu manques ... Amitiés.

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  3. Bonjour Ariaga,
    Oh merci! Justement ce matin je suis en train d'essayer d'écrire pour mon blog ... et de me décourager! Ton petit mot sera peut-être un levier. Merci beaucoup!
    Michelle

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  4. Très intéressante interprétation Michelle. Comme tu nous avais prévenu, j'ai porté une attention particulière en lisant le résumé dans le billet antérieur. Et là, je suis très surpris de l'ampleur de cette interprétation comme si tu l'avais écrit toi-même ce roman!
    Cela fait naître des questions en moi: as-tu pris beaucoup de temps à déchiffrer cette vision du roman? T'es-tu aidée d'outils ou de textes? Qu'est-ce qui t'a mise sur la piste ou quel fut l'élément déclencheur qui t'a permis de saisir l'ensemble?
    Bravo en tout cas! ♁

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  5. Géniale cette interprétation, Michelle ! J'aime particulièrement la partie où les chroniques (datant de 700,000 ans sont vues comme l'inconscient collectif. Hresh les assimile très bien !
    Aussi, la cité de Vengiboneeza comme Soi, c'est étonnant !
    Pénétrante interprétation. Merci ! ♥

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