dimanche 18 octobre 2009

Le grand mandala

Un mandala est en train de se tisser, lentement mais sûrement, en nous et entre nous. Il grandit en beauté et en force chaque jour, et bien que jusqu'à maintenant on le voie parfois sous un jour défavorable, en le regardant sous un certain angle, les jours de cafard, je vous assure que, sous tous ses angles, il se construit. Tours sur tours, matière sur matière spirituelle, les bouts manquants se retissent, se refont, aux angles de la vie meurtrie, et chacun tisse avec amour et sans le savoir une petite partie très particulière, un bout de Soi, qui est relié subtilement aux autres vies, formant ce tapis géant sous l'océan.
Je dis tapis, mais vous comprendrez qu'il s'agit d'un "tapis" en trois dimensions, vivant et grandissant, qui est tissé par le présent, sans relâche. Oeuvre vivante qui se crée et se recrée dans un même mouvement familier, et sous des couleurs multiples, dont l'organisation et l'action se faufile dans la trame des émotions. Ce tapis, léger dans toutes ses belles parties, est plus lourd et presque délavé dans certains de ses quartiers. C'est que l'esprit n'y habite plus comme avant, et ce sont ces parties avilies qui rendent tout le tapis lourd et gris, du moins aux yeux aigris, qui portent en permanence des lunettes noircies.
Et la joie, comme un feu de l'esprit, vient s'insinuer dans les replis; c'est elle qui anime le beau mandala-tapis et lui rend son brillant, sa gaité, ses couleurs hardies. Bien plus, la joie imbibe d'une liqueur délicate et savoureuse toutes les fibres du grandiose ouvrage de la vie. C'est sans doute pourquoi, parfois, on se sent libéré comme un oiseau qui se sert du vent comme allié.
Car bien que prisonniers de ce grand mandala qui nous habite, son dessein collectif passionnant et captivant, son but qui ne sera atteint que lorsque chacun aura trouvé le sien, et sa parure qui prend toutes nos couleurs à mesure qu'on grandit, bien que prisonniers, en vérité, je vous le dis, c'est au sein de cet hétéroclite tapis qu'on peut sans contredit jouir de la vie, et libérer en nous tout un monde jadis figé et rabougri.
Allumez chacun la petite lumière de votre vie, pour éclairer la trame collective, l'histoire de nos milliers de vies réunies par un même appel: l'appel d'un vaste mouvement qui sans répit se construit dans la matière animée par l'esprit.
Ce mandala dont je rêve aujourd'hui, il devient visible petit à petit, il embellit, il s'ajuste, il se libère des noeuds dont il était rempli, et il se charge chaque jour de multiples connections qui le rendent plus léger et finement tissé dans les matériaux les plus subtils. L'oeuvre embellit de jour en jour, pendant qu'on le polit et le repolit, ensemble, lui faisant prendre un beau pli vers un destin béni, aux rebondissements infinis!
Michelle
1er janvier 1996

2 commentaires:

  1. Bonjour Michelle - Comme suite à ton post sur le mandala, je voulais te demander si tu connaissais avec quelques détails le contenu du "Livre Rouge" de C G Jung publié avec l'autorisation de ses descendants. J'avais déjà cherché souvent à me renseigner sur ce document bien mystérieux. C'est vraiment une nouvelle incroyable pour les lecteurs passionnés de Jung comme toi et moi. De plus c'est un témoignage d'expérience vécue. Je t'embrasse!!:

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  2. Très beau texte Michelle !
    Je suis content d'œuvrer avec toi à notre mandala collectif. J'essaie de faire mon bout ! :-)
    ■ paumier.

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