mardi 23 juin 2009

Il était une fois un cercueil

Il était une fois un cercueil tout nerveux et morose.
Pourtant on l'avait fabriqué du bois le plus tendre qu'on ait pu trouver.
Destiné à une enfant trop blème, une enfant trop frêle,
leurs jours étaient comptés.
Sortant de sa torpeur, un jour, la petite eut une drôle d'idée.
Elle voulut ouvrir cette boîte mystérieuse qu'on avait cachée au grenier.
Sans crainte, elle souleva le couvercle qui grinça curieusement.
Elle ouvrit le coffre, complètement.
Au fond elle installa une douce couverture et un oreiller plat,
s'installa très confortablement, referma le couvercle.
Pour se sécuriser, sitôt enfermée, elle appela en esprit le grand ciel
que sa mère lui avait raconté.
Pour quelques heures, elle ne vit que la nuit l'entourer.
Puis sous un chant cadencé au rythme bizarre,
des couleurs vivantes, des formes vagues se mirent à danser,
courant puis s'arrêtant, de plus en plus animées,
entrecoupées de rêves vivants, issus d'une source
elle-même née d'un réservoir plus grand.
La diversité des chemins qui s'y croisent, des images qu'on y rencontre,
par des tunnels souterrains, par des fibres communes,
forment le coeur de l'humanité,
celui qui ressent, qui vit depuis plusieurs siècles.
Au bout du rêve, après dix ans, traversant le mur des mirages,
un visage plongea son regard dans le sien directement,
foullant dans sa mémoire d'un élan ferme et doux,
courbant d'un geste puissant les remords qui se dressent,
prenant entre ses mains cette enfant, l'arrachant du néant,
animant la vie qui s'était presque éteinte.
Et la boîte s'entrouvrit, un petit nez en sortit, plus tendre que le vent,
un petit nez seulement, puis des yeux très grands.
L'enfant toute étourdie, l'esprit doucement chaviré,
mais à présent dépouillé des macabres pensées,
c'est certain, maintenant, elle grandira vraiment,
en-dehors et en-dedans.
La boîte, un moment oubliée, prend une importance désormais inversée.
Jamais la petite n'y est retournée se cacher,
mais son couvercle s'est souvent soulevé.
On la peintura de couleurs gaies,
verte et blanche avec des clous dorés.
Chacun(e) à sa guise pouvait y puiser.
Elle contenait tout ce que chacun avait intérêt à y trouver.
Une boîte d'images, d'idées et d'émotions,
une boîte délivrée du sort jadis lancé de contenir la mort.
La vie s'est emparée du coffret, on a vibré sur tous les tons,
en cherchant dans les quatre coins, tout au fond,
une infinie sagesse!
Michelle
Juillet 1984
Mort, je te salue,
Toi qui as surveillé le temps tant de temps,
Tu devrais t'accorder un repos,
MORT, tu erres...
Ah, mort! Sors du cercueil,
Resplendissant de bon sens.
Sers, cueille,
Sers la vie et cueille l'âme OR,
L'AMOR!
Michelle

La mort en tant que symbole: "Elle est révélation et introduction. Toutes les initiations traversent une phase de mort, avant d'ouvrir l'accès à une vie nouvelle. En ce sens, elle a une valeur psychologique; elle délivre des forces négatives et régressives, elle dématérialise et libère les forces ascensionnelles de l'esprit. Si elle est par elle-même fille de nuit et soeur du sommeil, elle possède comme sa mère et son frère le pouvoir de régénérer. Si l'être qu'elle frappe ne vit qu'au niveau matériel ou bestial, il sombre dans les Enfers; s'il vit au contraire au niveau spirituel, elle lui dévoile des champs de lumière. Les mystiques, d'accord avec les médecins et les psychologues, ont noté qu'en tout être humain, à tous ses niveaux d'existence, coexistent la mort et la vie, c'est-à-dire une tension entre des forces contraires. La mort à un niveau est peut-être la condition d'une vie supérieure à un autre niveau."
"... en alchimie, le sujet qui donnera la matière de la pierre philosophale, enfermé dans un récipient clos et privé de tout contact extérieur, doit mourir et se putréfier. Ainsi la 13e lame du Tarot symbolise-t-elle la mort dans son sens initiatique de renouvellement et de renaissance."
Dictionnaire des symboles

5 commentaires:

  1. Cette histoire est très originale et me plait beaucoup. Et je repense à la jeune fille et la mort de Shubert .

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  2. Merci Patricia, j'ai trouvé sur internet le poème de Matthias Claudius qui a inspiré Schubert pour "La jeune fille et la mort":
    "Va-t-en - Ah va-t-en
    loin de moi squelette cruel
    je suis encore jeune, laisse-moi
    ne me touche pas, chère mort.

    Donne-moi ta main, toi belle et tendre
    Je viens en ami non pour te punir
    Sois courageuse, je ne suis pas cruelle
    Tu dormiras apaisée dans mes bras."
    Et je suis en train d'écouter cette musique que je ne connaissais pas!

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  3. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

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  4. OHHH ! Merci pour ce poème que je ne connaissais pas ! Mais j'aime Beaucoup plus le tient ! TRES SINCEREMENT !
    Et oui.... cette musique .....étrange .....

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  5. Ton histoire est très touchante et remplie de sens et significations que je ne comprends pas toutes mais que je soupçonne. Merci !
    ■ paumier.

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